Décroissance

Peut-on vraiment croître à l'infini ? Problème posé par la croissance et que je conteste. Ce n'est souhaitable si humainement, ni écologiquement. Moins de biens, plus de liens.

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21. juillet 2020

Les 10 limites de la planète

Mes 2 derniers billets vous présentaient rapidement la collapsologie comme l'étude de l'écroulement de notre système. La nature a mis longtemps à trouver un équilibre, et on a défini 10 indicateurs à surveiller. Chacun de ces indicateurs présente un aspect de notre écosystème qui risque de changer radicalement les conditions de vie sur Terre si il sort d'un seuil. Chaque indicateur qui bascule risque d'en faire basculer un autre. Le risque est alors systémique avec à la clé, l'effondrement de notre civilisation et la fin de la vie telle que nous la connaissons. Rapide survol des indicateurs :

Limites que l'on a déjà franchies :
1 – Biodiversité : L'Homme est aujourd'hui responsable de la 6ème extinction de masse qui est en cours. Deux tiers des espèces du vivant risquent de s'éteindre d'ici 2100. Ces animaux remplissent des fonctions sur tous les écosystèmes.

2 – Climat : C'est l'aspect le plus connu actuellement. Il faut bien voir que certains scénarios crédibles du réchauffement climatique peuvent amener la planète à des températures mortelles tous les jours de l'année pour 1 milliard de personnes.

3&4 – Cycles biochimiques : Ce sont les éléments nécessaires à la photosynthèse et au métabolisme cellulaire (Phosphore) et aux acides aminés (Azote), éléments clés de la vie sur Terre. Ces éléments sont durement exploités pour l'agriculture au point que nous arrivons à une limite dans leur utilisation. Le pic de la production de Phosphore est prévu pour dans 10 ans. La production d'Azote est hautement énergivore, puisqu'elle consiste à liquéfier de l'air, de plus il pose des problèmes d'élimination dans les sols saturés.

Limites pas encore dépassées (mais on ne fait pas les marioles non plus) :
5 – Destruction des forêts : en les remplaçant par des surfaces agricoles, on détruit les habitats des animaux sauvages et le microbiote de la terre, les sols sont lessivés par la pluie, on perd des zones humides, on morcelle les habitats naturels.

6 – Acidité des océans : responsable de la mort du Corail et fait souffrir les crustacés, elle est liée à la dissolution et transformation du CO2 dans l'eau de mer sous forme d'acide carbonique notamment.

7 Surconsommation d'eau douce : Ressource vitale, son utilisation pour l'agriculture peut parfois entrer en conflit avec les besoins fondamentaux. Pourquoi pensez-vous que la Chine ait le dents si longues sur le Tibet ? C'est leur château d'eau.

8 Couche d'ozone : Elle protège la vie des Ultraviolets nocifs. On est passés près de la catastrophe voilà quelques dizaines d'années, mais le problème semble avoir été réglé. Rien n'est éternel cependant.

On ne sait pas si on les a franchies, car on manque de données :
9 Particules dans l'air : Concentration globables en particules dans l'air, ce qu'on appelle les aérosols. On y trouve principalement les résidus de combustion en suspension dans l'air, comme les microparticules liées aux diesels.

10 Pollution chimique : métaux lourds, déchets nucléaires, perturbateurs endocriniens, plastiques et autres saletés dont on ne sait pas se défaire. Cette catégorie est malheureusement très vaste.

Ne croyez pas que le gouvernement ignore encore ces limites : ils a même une page pour nous les expliquer ! Alors pourquoi ne fait-il rien ?

On attends toujours des programmes ambitieux de taxation du kérozène, de développement du vélo, sur la durée de vie des produits (garantie longue), sur les économies d'énergie (isolation thermique, 5G, SUV, ferroutage...), l'agriculture (élevage intensif & méthane, intrans agricoles, information consommateur transparente) et l'interdiction de certaines pratiques polluantes (nanoparticules).

Mais non, on n'a toujours RIEN. Leurs lois sur les coton tiges et les gobelets en plastique, franchement, ça peut sauver le monde ?

12. juillet 2020

La collapsologie ou comment regarder le monde mourir

Pas trop déprimés par le titre ? Un peu quand même ? Mon billet précédent vous expliquait que certains éléments laissaient à penser que le monde tel que nous le connaissons ne pourra plus exister d'ici peu. En fait, terminer le siècle en cours sera déjà une gageure. Il existe une discipline qui étudie tout ça : la collapsologie.

En partant d'études et de chiffre très sérieux, on met en perspective l'avenir de l'humanité. On rappelle que la réalité dépasse souvent les pires prévisions faites par le GIEC, on rappelle que la fin de notre civilisation n'est pas un avenir « lointain », et on part du principe qu'un homme averti en vaut deux.

Bref, ce n'est pas à eux que vous ferez croire que les bus électriques peuvent sauver le monde. Ils vous expliquent au contraire qu'ils en mènent la fin. On parle même d' « effondrement de notre civilisation ».

On vous explique que l'humanité pourra subsister, mais différemment. Que l'énergie sera limitée, au point qu'on ne pourra plus se permettre d'utiliser du pétrole pour faire pousser des céréales, climatiser un appartement, partir en vacances ou faire tourner des bolides sur un circuit. Se soigner sera peut-être très compliqué, aussi, s'il devient impossible de trouver les ressources en énergie nécessaires à la production des médicaments, à leur distribution, à l'imagerie médicale.

Et puis c'est bien de rappeler aussi qu'aujourd'hui, on utilise de l'énergie simplement pour extraire... de l'énergie. Le monde est bien niais !

Il est bon aussi de rappeler qu'il est une aberration thermodynamique d'imaginer stocker le CO2 que l'on produit. Car stocker le CO2 demande de l'énergie et amènerait alors à produire du CO2.

Ces personnes qui abordent la collapsologie ont un discours assez noir, et malheureusement très réaliste sur la fin de notre ère. Ils ne prédisent pas l'avenir : ils sont incapables de dire quel événement renversera le monde : famine, guerre ou autre. Mais ils dessinent l'impasse dans laquelle nous sommes, ils nous montrent le mur et nous enjoignent à ralentir le rythme, pour éviter de nous le prendre trop vite.

Ils ne sont pas décroissants, mais ils expliquent que nous allons décroître, bon gré, mal gré : en richesse, en confort, en population, en énergie, en tout.

Je vous recommande le visionnage des conférences de Vincent Mignerot sur le sujet. En voici une très intéressante. Il part de la création du monde pour nous aider à comprendre où nous en sommes actuellement. On y apprend au minimum beaucoup de choses.

 

7. juillet 2020

La fin du monde approche

J"aborde souvent ici les problèmes écologiques, généralement liés à la pollution. Je dénonce la gabegie de moyens utilisés pour un confort très relatif. Je brandis le spectre du SUV pour démontrer l'absurdité de ce que certains appellent le « progrès » et qui représente à mes yeux une régression sans précédent.

Mais une autre approche de l'écologie, moins liée à la pollution est la fin des ressources. Les SUV n'en sont pas moins le symbole, c'est certain. La limite matérielle de notre monde est la preuve que la croissance de notre monde ne peut pas être infinie.

On a déjà la croissance démographique, avec aujourd'hui plus de masse humaine qu'il n'existait de masse animale voilà 10 000 ans (1). Pire : il y a 10 fois moins d'animaux sauvages que d'humains aujourd'hui (en masse). On a aussi la croissance agricole qui empiète sur les forêts, bien vital lui même limité. La croissance géographique ayant amené le monde à des guerres de frontières, au point qu'on regarde le moindre bout de caillou dans l'espace, inaccessible à moins de 20 ans de route.

Et puis surtout, la croissance du PIB, entièrement basée sur la croissance énergétique. L'agriculture n'est aujourd'hui plus envisageable sans pétrole, le commerce, la production, et pire que tout : le transport sur lequel toute notre société repose. Même l'informatique commence à peser lourd sur les besoin énergétiques.

D'ailleurs, on a un tassement de la croissance mondiale depuis quelques décennies. On le voit. On voit aussi l'éclosion de guerres nouvelles et de tensions inquiétantes, comme tous ces pays qui font la guerre pour du pétrole ou des métaux rares. L'espérance de vie a arrêté de progresser, et commence même à baisser en certains points du monde (comme les États Unis). Les conditions de travail se dégradent partout dans le monde et on meurt de pollution, ce qui est complètement nouveau.

Prises séparément, toutes les courbes fléchisses : démographie, économie, production d'énergie, biodiversité, population animale et même végétale. Seules les températures et le niveau des mers augmentent.

Tous ces aspects sont étudiés par la « collapsologie ». Je vous en parlerai dans mon prochain billet.

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(1) voir les études de Paul Chefourka. Un graphique ici.

3. avril 2020

COVID-19 : entassés comme des poulets

J'en parle souvent ici, la production industrielle de viande est un problème. Elle est un problème moral car les animaux sont maltraités, un problème environnemental car les déjections polluent les sols, le méthane produit un effet de serre et les antibiotiques perdent leur efficacité pour les maladies graves, mais aussi un problème sanitaire car ces élevages sont bien souvent des incubateurs à microbes.

Parmi les grands dangers qui mettent en péril le simple modèle industriel, on peut citer de très nombreuses maladies devenues célèbres : fièvre aphteuse, les grippes Aviaires, grippe porcine, salmonelles, encéphalopathie spongiforme (vache folle), SRAS, Escherichia coli... certaines se transmettent même à l'homme.

Si l'élevage n'est pas responsable de toutes les maladies des animaux, il en est un vecteur alarmant. Qu'un virus mute et devienne mortel, et c'est toute l'industrie alimentaire qui est touchée. Rappelez-vous les invasions des maladies concernant tantôt les poulets, le vaches, ayant amené à l'incinération de cheptels complets, pays après pays. Les animaux deviennent vulnérables lorsqu'ils sont entassés.

Notre mode de vie nous amène à vivre en flux tendu et à nous entasser en ville. Au point que lorsqu'un virus apparaît en Chine, il ne faut que quelques semaines pour parler de pandémie mondiale. Ce sont surtout les grandes villes qui sont touchées. En France, Paris est un point chaud du nouveau coronavirus, dont les habitants sont partis se réfugier en province (et y transmettre l'infection). Aux États-Unis, c'est New York qui est touché, avec une contagion affligeante (un États-Unien contaminé sur 3 y vit).

On nous dit aujourd'hui que le remède est de ne rencontrer personne. La bonne blague. Ne trouvez-vous pas que notre nouveau mode de vie nous amène à être un peu trop tassés les uns sur les autres ? À être aussi vulnérables que dans un élevage intensif ?

L'humain, ce bétail...

21. décembre 2018

L'Hélium

Hier, il y avait dans le bus une gamine en train de jouer avec un ballon. C'était un de ces ballons qui flottent en l'air et que l'on tient par une ficelle. Le ballon a dû coûter quelques euros à la mère, rien n'est trop beau pour le sourire d'un enfant.

Si le ballon avait coûté 20 euros, l'aurait-elle acheté, sachant qu'il sera mécaniquement dégonflé le lendemain ? Probablement pas.

Ce ballon est gonflé à l'hélium. L'hélium est un gaz qui a de nombreuses utilisations. L'une de ses principales propriétés (outre le fait d'être plus léger que l'air) est qu'on ne lui connaît pratiquement aucune réaction chimique. Il est pratiquement inerte. Mine de rien, c'est souvent très utile. On l'utilise pour des applications médicales, nucléaires, industrielles (processeurs), optique (télescopes), cryogénique, aquatique (plongée), spatiale (combustible)... bref, ça sert à tout, et c'est irremplaçable.

Par chance, il est l'une des matières les plus abondantes de l'univers. Une sorte d'atome primordial ayant donné tous les autres à la création du monde. Mais dans notre malheur, il est si léger qu'il monte dans les airs, loin, si loin qu'il s'échappe même parfois de l'atmosphère. Il quitte alors la Terre.

On se plaint de la rareté de certains matériaux, en essayant de les recycler. On commence même parfois à penser que nos poubelles sont des mines d'or pour qui arriverait à y recycler les matières qui s'y trouvent. Mais pour l'hélium, il n'existe pas de poubelle. Une fois perdu, il est définitivement perdu. On ne peut pas le refabriquer.

S'il n'est pas capté juste après son utilisation, il est perdu. Il s'envole et se perd à 95km de la Terre voire même dans l'espace. Cet hélium, une fois perdu l'est définitivement. Et personne n'ira le chercher là-haut. Quand on sait qu'il est essentiellement extrait du gaz naturel, dont les réserves mondiales arrivent à leur fin, on sait aussi que la production d'hélium a une fin.

On sait tout ça, et on met de l'hélium dans des ballons pour faire sourire les enfants. Ces mêmes enfants qui grandiront et crèveront peut-être de leur insuffisance respiratoire, qu'on ne pourra pas traiter si on n'a plus d'hélium...

24. novembre 2018

La quintessence des problèmes

Il est parfois difficile de démêler tous les problèmes tant ils sont intriqués les uns avec les autres. L'écologie, l'économie, le réchauffement planétaire, l'injustice, les guerres, la pauvreté... quel est celui qui agit sur tous les autres ?

Vous le savez, je prône un mode de vie décroissant. Mon avis est qu'en économisant les ressources, on économisera tout : les guerres, les gaspillages, l'air, l'eau, la faune, la flore... mais plus que tout, il faut économiser l'énergie.

Elle est la cause cachée des guerres (Moyen Orient en général) : la France essaie même de se positionner, notamment en attaquant la Syrie. C'est peut-être même pourquoi la Russie n'attaque pas ces pays : elle a déjà de l'énergie.

L'énergie permet l'emballement capitaliste, en remplaçant le travail, avec ses effets délétères sur l'économie, la pauvreté, les inégalités, les amitiés entre le pouvoir et l'argent. Jean-Marc Jancovici explique même en quoi le pétrole est plus rentable que l'esclave, seul raison de l'abolition de l'esclavage à ses yeux.

C'est l'énergie qui transforme la matière et permet de gaspiller cette ressource, par la production des biens à bas coût. C'est elle qui transforme la nature en permettant sa surexploitation (surpêche, agriculture intensive). Son utilisation est l'origine de l'effet de serre et du dérèglement climatique.

Le gaspillage de l'énergie est le point de départ de tout le reste.

Coupez le robinet de l'énergie, et vous changerez le monde. Malheureusement, tout comme on ne soigne pas la faim par un grand buffet, couper net le robinet amènera de nombreuses tensions pour les sociétés qui n'y sont pas préparées. Comment se déplacer ? Téléphoner ? S'éclairer ? Comment payer avec une carte bleue ? Comment faire monter l'eau dans les châteaux d'eau ? Comment boire un verre d'eau ? Se soigner ? Comment faire de l'agriculture ? Comment déplacer des biens ou des personnes ?

Mais aussi des choses qu'on imaginait « écologiques » : Comment recycler les matières premières ? Comment réparer un vélo ? Comment fabriquer une éolienne ? Réparer un barrage ?

C'est aujourd'hui que nous devons penser la manière d'utiliser les dernières ressources facilement accessibles.

Nous sommes déjà en train d'observer des effets de la crise énergétique : guerres, migrations, réchauffement de la planète, raréfaction des ressources, extinction des espèces et de la biodiversité, hausse du niveau des mers,

Soyez égoïstes pour sauver le monde : habituez-vous à économiser l'énergie en douceur avant de n'être contraint à le faire brutalement.

15. octobre 2018

François Ruffin le décroissant

Il n'aimerait certainement pas que je parle de lui dans ces termes, mais ses propos sont de plus en plus déconnectés du fantasme de la « croissance ». Il se dit « acroissant » comme on pourrait être « agnostique ».

Il a fait récemment une intervention à l'assemblée nationale que j'ai particulièrement remarquée. C'est un concentré de vérité. Je vous en recommande le visionnage ci-dessous.

Naturellement, je vous recommande de visionner l'ensemble de ses interventions. Il est vraiment là où il faut et il dit ce qu'il faut.

Merci François pour toutes tes intervention qui valent de l'or.

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