Économie

L'économie, c'est compliqué. Les points que j'aborderai viseront à rendre le plus simple possible les éléments que j'ai compris et qui ont un impact sur nos vies.

Fil des billets - Fil des commentaires

20. décembre 2019

On nous vole notre argent !

Je vous avais déjà dit mon émoi devant le fait qu'il soit devenu impossible (à quelques exceptions symboliques près) de payer ses impôts en espèces (pièces et billets).

Notamment, je pointais la menace qu'il existait à vouloir supprimer l'utilisation de l'argent liquide au profit d'autres moyens de paiement traçables, rendant impossible toute préservation de la vie privée, surtout maintenant que de nombreux services publics ont la possibilité de voir le détail des écritures sur le compte de chaque français.

Le billet de 500€ est en passe de disparaître (on ne l'imprime plus et on jette ceux qui reviennent à la banque), les paiements en espèces sont interdits au-delà-de 1000€. Quelle sera la prochaine étape ? Les billets de 200€ ? La prison si on possède de l'argent liquide ?

Non, plus subtil. La Belgique retire de la circulation les pièces de 1 et 2 centimes. Elle demande aux commerces d'arrondir les transactions en espèces. Ainsi, si vous devez payer 1,13€ à la boulangerie, la loi vous obligera à payer 1,15€. L'arrondi se fait au plus proche, donc 1,12€ devient 1,10€. Les pièces sont trop chères à produire pour ce qu'on en fait.

On aurait pu décider d'interdire les cartes bleues pendant les forts pics de consommation d'énergie, mais non.

On est à une période où produire les mêmes pièces pour 27 pays, avec les économies d'échelle que l'on sait revient trop cher. On a une monnaie forte, mais pas assez pour se payer des centimes. Ça me rappelle un peu cette période de forte inflation, de 1920 à 1960 où on ne frappait plus de pièces de 1 et 2 centimes. C'était l'époque des « anciens francs ». Les pièces commençaient à 5 centimes.

Donc pareil, mais sans l'inflation, ça doit être grave.

9. décembre 2019

Dans quoi investir ?

Mon approche est délicate, car je risque d'être accusé de délit d'initié à la fin de ce billet, tant je suis certain que ma prédiction est juste. J'en ai la preuve.

Il existe un placement plus juteux que le pétrole (qui touche son plafond), plus que l'or, plus sûr que Microsoft ou même Google ! Plus juteux encore qu'investir dans la crise, le crash grec, l'inflation, la hausse du chômage ou du cancer. Avec ce placement, vous pouvez gagner 10% d'ici à la nouvelle année !

Il s'agit du timbre poste. Il prendra plus de 10% au 1er janvier. Imaginez un peu que le prix du timbre a doublé en 10 ans alors que l'inflation cumulée sur la même période n'a été que de 7% environ. Imaginez un peu la tronche du Cérès de 1849 qui va se faire battre par ce petit nouveau de timbre !

On appelle aussi ça la fuite en avant du service public. La Poste a eu pour concurrence le fax puis Internet, c'est évident. Mais le transport du courrier reste un service vital pour un pays. N'oublions pas que 14% des français n'ont pas Internet (cela ne progresse plus). On laisse filer le prix du timbre, puis les volumes d'expédition baisseront, et on augmentera encore le prix du timbre, etc. jusqu'à désaffection totale d'un service indispensable, mais vendu trop cher à ceux qui en dépendent.

Est-ce à cause du sabordage du fret ferroviaire par l'État ? Beaucoup de lettres transitent par avion pour les envois internes à l'hexagone. Ou à cause de l'ouverture à la concurrence en 2000 ?

C'est peut-être le bon moment pour que l'État subventionne le courrier, avant que toutes les agences ne ferment... On subventionne bien les piscines par exemple : si ce n'était pas le cas, le prix d'entrée au bassin serait multiplié par 4. Et alors, les baigneurs déserteraient, et le prix augmenterait... et la piscine fermerait.

« La Poste, on a tous à y gagner (1995) »

J'ai mon lot de déconvenues avec La Poste, comme tout le monde, mais je défends l'idée qu'elle est indispensable, comme la police, les pompiers, et tout un tas de services publics. En dégrader la qualité amènera ni plus ni moins une paralysie du pays.

2. décembre 2019

Les 3% de Bruxelles

On compare souvent l'État à un ménage. Surtout pour ce qui est de son budget. On préfère cependant éviter de parler des scènes de ménages, car dans aucun ménage on ne supporterait des manifestations pendant 1 an sans se poser de question. On compare quand ça nous arrange quoi.

D'ailleurs, de nombreux économistes nous le disent : on ne peut pas comparer l'économie d'un pays à celle d'un ménage. L'État peut emprunter à l'infini (ce qu'on appelle « rouler la dette »), mais aussi, il peut créer la monnaie lui permettant d'investir. Mettons que ce n'est plus possible depuis qu'on dépend de l'euro.

Mais dans l'idée, un État souverain ne dépend pas de sa monnaie, c'est la monnaie qui dépend de l'État. Tout comme on ne travaille pas pour faire tourner l'économie, mais on ajuste l'économie pour que chacun trouve sa place.

Mais puisqu'on n'a plus aucun pouvoir de décision, qu'on n'est plus souverain sur grand chose, faisons comme si la France était un ménage avec ses économies, un budget à surveiller, un revenu mal géré, un banquier qui fait les gros yeux, tout ça.

Les règles de budget de l'Europe interdisent aux États d'avoir un déficit supérieur à 3% du PIB.

Autrement dit : les États ont le droit d'être déficitaires à hauteur de 3% du PIB. Je le redis autrement : on autorise les États à ne jamais avoir un budget à l'équilibre, à ne jamais rembourser ses dettes.

Imaginez un ménage qui dépense plus qu'il ne gagne tout au long de l'année. « C'est pas grave, c'est le banquier qui paie » ?

À l'époque où on était souverain sur la monnaie, ce n'était pas si grave, au pire, on imprimait des billets, l'inflation grimpait un peu et au bout de 50 ans, on retirait deux zéro sur la valeur faciale de la monnaie, on appelait ça le « nouveau franc ». Mais maintenant, le seul moyen de pallier les 3%, c'est d'emprunter à des banques à l'infini.

Heureusement que les banques vont très mal, sinon, elles refuseraient de prêter à des taux aussi bas.

Même la Grèce emprunte à des taux négatifs. Si ça c'est pas un signe ?

Mais ne comparez pas : il ne faut jamais comparer la rigueur du budget d'un ménage au flou du budget d'un État.

14. mai 2019

La taxe Tobin

On parle beaucoup depuis quelques années de la « taxe Tobin ». Les marchés financiers étant un paradis fiscal à l'échelle de la planète, certains économistes (Tobin, mais aussi Keynes bien avant lui) proposent de les réguler en y appliquant une taxe, comme on le fait à tous les secteurs marchands. C'est notamment la position de l'association Attac. On taxe déjà les bénéfices des entreprises, la vente de produits finis par la TVA, on taxe aussi certaines épargnes. Mais les plus-values boursières ne sont pas taxées. Cela semble évident de considérer qu'il s'agit d'un oubli à corriger.

Certains projets proposent de taxer les plus-values à environ 0,05%. Connaissez-vous beaucoup de taxes aussi faibles ? Il est vrai que ce projet se base sur l'idée qu'une transaction boursière s'effectue avec une vitesse de l'ordre de la nanoseconde. Comprenez : 1 milliard de fois par seconde. On est loin de l'actionnaire qui vote au comité d'administration de l'entreprise dans laquelle il croit, une fois par an. En fait, il est plus rentable d'acheter et vendre une action que de compter sur les dividendes.

Vous sentez que je suis peut-être un peu hostile à une taxe aussi faible alors que le marché est aussi immoral ? En fait, je pense qu'il faut taxer sur qui est « normal », mais il ne faut pas taxer ce qui devrait être interdit. On ne doit pas taxer la pollution, la cocaïne, l'ivresse sur la route, la contrebande, non. Il faut les interdire.

Je pense qu'avant de se poser la question de taxer les transactions financières, il faut les réguler. Les rendre « normales », leur rendre une utilité sociale. Et ensuite, il sera question de les taxer sur la base de tout ce qui fait fonctionner la société.

Il faut interdire (ou taxer à 100%) toute transaction qui serait inférieure à 1 semaine et ne rendre possibles les positions (achat - vente) qu'une fois par jour. Parce qu'en 1 journée, il a le temps de se passer des choses, bien plus qu'en une nanoseconde. Il faut revenir à une dimension humaine des investissements pour qu'ils reprennent leur sens premier : aider les entreprises.

Ensuite seulement, on réfléchira à les taxer.
 

22. septembre 2018

Trois exemples sur le prélèvement à la source

Tout d'abord, un point sur la trésorerie. Quand vous devez 100€ à quelqu'un et que vous remboursez seulement 1 an après, vous avez un bonus en trésorerie de 100€ pendant 1 an. C'est de ça que vivent plein de gens. Les banques pour commencer, car tout l'argent que vous « possédez » à la banque est en fait entre les mains du banquier, qui ne vous les rend que parce qu'il est bien gentil. Mais tant qu'il ne vous les rend pas, il l'investit, il le fait tourner, gagne des intérêts, devient riche, et vous facture ses services (cherchez pas, c'est comme ça). Les hypermarchés fonctionnent aussi un peu comme ça : ils commandent des marchandises, les vendent dans la semaine, et paient 3 mois plus tard. L'argent placé leur rapporte. C'est de la trésorerie.

Avec l'impôt, on ne payait que l'année d'après, on avait donc toute la somme des impôts en trésorerie pendant 1 an. C'est pas rien... car on peut le placer, ou simplement sortir la tête de l'eau quand on a plein de trucs à payer. C'est aussi une façon d'alléger un peu l'impôt lorsque notre salaire augmente, puisqu'on paie l'année d'après des impôts pour l'année où on gagnait moins. Et avec l'impôt à la source, on vient tous de perdre 1 an de trésorerie.

Le 2ème truc, c'est quand on est jeune et qu'on commence la vie avec un premier boulot. Cette année de trésorerie est alors bien utile pour acheter un vélo, s'installer, payer la première caution de l'appartement et tous les frais du début de la vie autonome. Maintenant, le jeune paiera les impôts immédiatement, ce qui pourra dans certains cas lui souffler un mois de salaire (mais fort heureusement, il sera déjà trop précaire et pauvre pour ça). La situation est la même pour un chômeur de longue durée : lorsqu'il paiera son impôt, ce sera tout de suite, avec donc un salaire diminué d'autant, alors qu'un peu d'air au moment du retour à l'emploi aurait été bienvenu.

Notamment, ceux qui ont été licenciés l'an dernier et ne retrouveront un boulot que l'an prochain l'auront bien dans le baba, car ils auront payé leur impôt 2017 en 2018, et devront repartir en payant immédiatement l'impôt 2019 alors qu'ils sortent d'une année maigre (chômeur payant des impôts de salarié). Le contraire d'une année blanche pour ceux-là.

Le 3ème élément, sans doute moins pernicieux, mais vraiment le plus débile de tous, c'est qu'en ajoutant le patron comme intermédiaire, il suffira que l'entreprise mette la clé sous la porte pour que l'État dise Adieu aux impôts qu'elle lui devait. Et vu la santé économique du pays, c'est pas la meilleure des prises de risque sachant que 30% des entreprises déposent le bilan après 3 mois d'existence. Ce sera donc environ 60 000 faillites par an en France, et autant d'impôt qu'il faudra récupérer avec difficulté (voire souvent impossible). Surtout qu'on avait un recouvrement de 98,5% de l'impôt des ménages, on fera forcément moins bien.

Après, il faut aussi penser que les grandes entreprises, celles qui ne coulent pas auront ce petit avantage de justement, pouvoir faire un peu de trésorerie avec une partie de salaire qui ne sera pas versée au salarié, correspondant à un impôt qu'elles paieront avec un peu de retard à l'État. Ça peut faire une belle rente quand on embauche du monde...

16. septembre 2018

Prélèvement à la source : c'est foutu

Vous savez certainement ce que je pense de ce type de prélèvement, puisque j'en ai parlé dans ce précédent billet. Je le trouve compliqué, inadapté, injuste, et j'ai beau écumer Internet, je n'arrive pas à lui trouver le moindre avantage.

Il semblerait que sa seule raison d'exister est que « les autres pays font pareil ». On prévoirait donc de rater en France ce qui marche dans d'autres pays, alors qu'on faisait en France un truc qui marchait déjà très bien.

Cela me fait penser à cette loi qui est passée sous Giscard, en 1973 (renforcée dans les accords de Maastricht). C'est depuis cette date que l'État français s'interdit d'emprunter à la Banque de France. Cela aura permis de stopper l'inflation, mais aussi d'augmenter le chômage et de contraindre les budgets, rendant ainsi impossible de financer des projets d'avenir par l'inflation.

Là où l'inflation permettait un réajustement social en faisant perdre un peu de valeur à l'argent, compensé par l'augmentation régulière des bas salaires, on est aujourd'hui dans l'incapacité de financer correctement nos projets sans emprunter sur les marchés. C'est depuis Giscard qu'on a ajouté une case aux dépenses publiques : les intérêts de la dette. Aujourd'hui, ils s'élèvent à un montant supérieur au seul impôt sur le revenu.

C'est comme si on avait supprimé les impôts sur le revenu en 1970 et qu'on avait essayé de continuer à financer les projets publics.

Et puis ce serait con de se fâcher avec les marchés financiers maintenant qu'ils financent le pays. Alors on va voir dans les poches des plus pauvres.

Par la suite, après la retraite de Giscard, on lui a demandé pourquoi il avait mis en place ce système. Il a répondu que c'était comme ça dans les autres pays.

On n'a plus qu'à regarder les catastrophes mondiales pour deviner ce qu'il reste encore à copier sur les autres pays...

3. septembre 2018

Le prélèvement de l'impôt à la source

On parle pas mal de ce prélèvement à la source en ce moment. C'est un truc qu'a voulu faire Hollande, et que Macron semble hésiter à mettre en place. C'est présenté comme un progrès parce que beaucoup de pays le font, et en même temps, peu de français arrivent à comprendre vraiment de quoi il retourne. François a eu la bonne idée de lâcher le projet avant de se barrer, pour laisser tous les problèmes au suivant : Macron, celui que je déteste encore plus que Hollande.

Et franchement, s'il veut avoir une chance de faire un truc pas trop pourri en 5 ans, c'est peut-être sa seule fenêtre de tir : il doit annuler ce projet débile.

Pourquoi débile ? Ou au contraire « pourquoi intelligent ? ». Personne n'est capable d'avancer un argument en faveur de cette usine à gaz. On a déjà un taux de recouvrement de l'impôt de 98%. Les seuls que l'on ne perçoit pas n'ont pas été déclarés (pas un salaire quoi). Cela ne changera donc rien. Pas comme si on courait après les exilés fiscaux...

L'État aurait pu espérer gratter quelques sous de trésorerie en touchant un an plus tôt les impôts, mais cela n'a d'intérêt que si ces impôts sont plus importants que l'année précédente. Mais la croissance étant en berne, ce ne sera plus jamais le cas.

Et si le but est de simplifier l'impôt, c'est raté : car il faudra toujours continuer à déclarer ses revenus non salariés. Le recouvrement par l'État sera plus compliqué (on voit déjà des bugs), cela impliquera les employeurs (qui ne sont pas au point) et il y a même des chausses trappes pour lesquelles on n'a pas de solution comme les chèques emploi service.

La situation pourrait aussi être gênante lorsque vous changez de métier : entrepreneur en 2020 puis salarié en 2021, avec les 2 impôts à payer en 2021...

Le principe est qu'on prélève ce qu'on pense pouvoir prélever, et en fin d'année, on régularise. Pour ça, on avait la mensualisation qui était déjà très bien et efficiente. On aurait pu la rendre obligatoire (bien que je m'y serais opposé), cela aurait été plus simple.

Autre problème : même les salariés auront maintenant du mal à comprendre ce qu'ils paient vraiment. Ce sera une ligne de plus sur leur feuille de paie. Comme ces lignes que seuls les comptables comprennent.

Mais, ce qui me gêne le plus, c'est qu'on transfère à une entreprise une mission qui relève de l'État, sachant que cela pose alors des questions sur la vie privée. Si je veux préserver les infos de ressource de mon foyer (enfants, conjoint), je suis alors obligé de payer plein pot et me faire rembourser après par l'État. En France, l'impôt sur le revenu a la particularité de dépendre de nombreux facteurs (état civil, salaire du conjoint, nombre d'enfants, déductions diverses...) que je n'ai pas envie de partager avec mon patron.

Je crains que Macron n'ose pas annuler ce truc. Ou pire : il pourrait le transformer en autre chose. Histoire de cumuler les problèmes...

La vie se fait en flux tendu et on voit régulièrement les problèmes que ça peut poser (dépendances aux transports, aux ressources, aux communications). On n'a pas besoin que l'impôt le soit aussi.

- page 1 de 4