On n'arrête pas le progrès

C'est ce qu'on me ressort à chaque fois que je tique sur l'achat du tout nouvel IPhone, sur les conditions d'utilisation de Facebook, ou sur l'espionnage généralisé de Google. Quand je refuse l'électronique d'une voiture je suis ringard, quand je prône la limite de la production, je suis rétrograde, et quand j'ose dire que mon vieux PC me suffit, on me propose de m'éclairer à la bougie.

Mais de quel progrès parle-t-on ?

Une merveilleuse découverte scientifique amène-t-elle nécessairement une amélioration de la vie ? La production de semences OGM favorise-t-elle nécessairement la richesse biologique ! J'ai le droit de prétendre qu'elle représente un danger. Car on ne libère pas n'importe quoi dans la nature sans savoir en détail ce que c'est.

Pourquoi acheter un nouvel ordinateur 8 cœurs avec des pétaoctets de mémoire alors que mon vieux coucou me permet très bien de gérer ma messagerie, ma navigation web et ce blog ? Est-ce vraiment un progrès de faire crever des chinois pour produire un appareil dont je n'ai pas besoin ?

Qu'est-ce que je gagne à barder ma voiture d'électronique, de telle façon que je ne puisse plus la réparer moi-même ni même la recycler ?

Je trouve qu'on abêtis les gens à croire un argument qui ne veut rien dire : le progrès ne se limite pas au progrès scientifique ou technologique. Un tel progrès peut d'ailleurs souvent représenter une régression sur le plan environnemental, social, éthique ou humain.

Je défends pour ma part l'idée que le vrai progrès, c'est quand je suis capable de réparer un appareil moi-même, que je peux avoir confiance dans un produit ou un fabricant, que j'ai la liberté de ne pas utiliser un service, que mon choix est respecté et reconnu dans une démocratie.

L'IPhone, c'est pas du tout ce que j'appelle un progrès. C'est seulement un nouveau jouet polluant.

Commentaires

1. Le 15. juillet 2016, 10h00 par Plk

Le progrès scientifique en lui-même ne devrait pas avoir de conséquences sur le plan environnemental, et probablement pas sur les autres non plus mais je me suis moins posé de questions là dessus.

C'est une distinction importante, à mon avis. Il faut laisser la science "avancer" et essayer de comprendre les choses. Par contre, là ou il faut faire attention, c'est sur ce qu'on fait de cette connaissance et comment on l'utilise.

Le progrès de la science nous donne le moyen de faire des choix, et d'essayer d'anticiper, un peu, les conséquences. C'est aussi grâce aux progrès de la science qu'on peut s'inquiéter et se poser des questions, sur le réchauffement climatique, sur les flux migratoires, tout ce qu'on veut, et c'est grâce à la science qu'on peut essayer d'y répondre.

En ce qui concerne la technologie, c'est déjà plus compliqué. Le "progrès" n'est pas vers une meilleure compréhension du monde ou un truc de ce genre avec un but fixe et absolu. La technologie progresse dans une ou plusieurs directions, et il faut faire des choix. Faire des ordinateurs plus puissants, ou alors moins gourmands en énergie et en matière première? Les deux seraient des progrès technologiques, dans des directions différentes. Faire la même chose qu'avant, aussi efficacement avec un outil plus simple (et qu'on peut réparer), c'est aussi un progrès.

Si on abandonne le progrès scientifique sous prétexte que la technologie ne progresse pas dans le bon sens, on risque de tomber dans l'obscurantisme.

Si on prend l'exemple des OGM, tiens: il y a la partie "sciences", le séquençage de l'ADN, la compréhension de la fabrication de protéines par les ribosomes dans une cellule, ce qui permet aussi de savoir comment un virus peut attaquer une cellule, par exemple (et donc des moyens pour soigner des maladies). Il y a des expériences que l'on peut faire, en environnement contrôlé, injecter un bout de code génétique dans une cellule pour voir ce qu'il se passe. Et il y a l'aspect technologie, et la mise en pratique qui en est faite pour fabriquer des plantes modifiées et les utiliser pour nourrir des gens. Là, c'est plus sujet à débat. Mais, il n'y a que la science pour apporter des réponses aux questions que ça soulève, et même pire, il n'y a que la science qui permette de se poser des questions: est-ce que c'est dangereux? Est-ce que les gènes modifiés pourraient contaminer les gens qui mangent ces plantes? Est-ce qu'ils vont se répandre dans la nature et abîmer l'écosystème?

2. Le 15. juillet 2016, 1h10 par le gauchiste

Je suis entièrement d'accord. Mon but n'est pas de « taper sur la science », mais bien de lui rendre sa vraie place : celle d'un outil au service du progrès (et non pas « un progrès » à elle toute seule).

Toutefois, la science n'est pas la seule à pouvoir aider le progrès. La politique, la philosophie, l'art, pourquoi pas la religion (quel que soit le mal que je peux parfois en dire par ailleurs)... le premier vecteur de progrès est venu avec le chaos chimique permettant l'apparition de la vie. La science n'existait pas encore.

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