Alimentation

Je suis végétarien par éthique. Cela inclue donc des critères humains et écologiques. Des tas d'autres arguments militent en faveur d'une alimentation pauvre en viande. J'essaierai ici de les mettre en avant.

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11. août 2020

Un monde stérile

Encore un souvenir d'enfance qui revient à la surface. J'y pense en mangeant des pastèques. Les nouvelles pastèques n'ont plus de pépins, ou presque : seulement des petits pépins mous qu'on peut avaler et qui n'auraient aucune chance de pousser.

Pas grand, je faisais les courses avec ma mère. On sortait de l'épicerie de quartier. Je lui demande si on pourrait faire pousser des oranges avec les pépins qu'on garderait. « Non », me dit-elle. Car ces pépins ne poussent pas. Je n'avais pas trop bien compris pourquoi. Apparemment, les pépins des oranges industrielles ne poussent pas. Peut-être pour éviter de perdre des clients captifs ? pour éviter de leur donner leur indépendance comme le fait Monsanto aujourd'hui, en interdisant de resemer le fruit de leur récolte à une agriculture dont c'est la pratique ancestrale ?

Mais finalement, c'est autre chose. Les arbres sont sélectionnés et greffés, de façon qu'une telle graine trop fragile ne s'en sortirait pas dans le monde d'aujourd'hui. Cela explique sans doute aussi comment on arrive à avoir des bananes sans pépins. Bah oui, les bananes ont normalement des pépins !

Même les oranges n'en ont plus. C'est bien plus agréable à manger, certes, mais cela raconte aussi quelque chose de notre monde.

Un monde où on fait pousser des plantes sous un déluge d'herbicide, où il faut 20 traitements avant que la pomme n'arrive dans mon assiette, où les fruits n'ont pas de pépin, et où les noyaux ne donnent pas. Un monde où faire pousser les végétaux demande des combinaisons de protection étanches. Un monde alimentaire stérile.

On sème des graines qui n'ont pas de descendance, on réduit le monde vivant à quelques variétés exilées, on mange des fruits qui ne peuvent plus pousser naturellement, dont certains ont même du mal à pourir, on crée des OGM dont ne veulent même pas les insectes...

Pas certain que notre choix de société soit vraiment rassurant.

29. septembre 2018

Un végétarien au restaurant

On trouve de plus en plus de restaurants végétariens en ville, voire même des restau végans. C'est une excellente nouvelle. Barcelone s'est même équipé d'une appli smartphone pour les trouver plus facilement. Mais soyons clairs, il y a encore du chemin à faire. Quand on n'aime pas manger du cadavre, aller au restau reste encore souvent une soirée à risque.

J'ai toujours considéré qu'un restaurateur était un professionnel de l'alimentation. En fait, même un petit restau devrait au moins savoir un minimum de choses sur l'alimentation. Mais quand vous dites que vous êtes végétarien, là, vous passez rapidement pour un extraterrestre. Encore de très nombreux restaurants ignorent ce que cela signifie (je n'ai même pas parlé de véganisme !).

Il m'est arrivé de recevoir une assiette de poisson dans un restaurant de luxe qui avait prévu exprès pour moi un repas végétarien. Le service était impeccable, les serveurs savaient reconnaître qui étaient « les » végétariens sur les tablées, mais non : le cuistot ne savait même pas qu'un végétarien ne mange pas non plus de poisson...

Dans certains cas, lorsque le restau est situé loin d'une grande ville, le serveur peut demander des précisions pour savoir précisément ce qu'il peut me proposer (gloire à lui). Mais dans de nombreux cas, il faut se contenter d'un seul plat sur la carte, le seul qui ne contient pas de viande ou de poisson, avec l'espoir qu'il sera nourrissant.

Dans des plus petits restaurants, c'est parfois drôle aussi. Je ne dis plus que je suis « végétarien », trop compliqué à comprendre. Je dis que je ne mange « ni viande, ni poisson ».

Ah bon ? Mais vous mangez quoi alors ?

Un peu comme quand j'habitais en rase campagne et que je disais ne pas avoir la télé : « Ah bon ? Mais tu fais quoi alors ? ». Drôle et lassant. Impossible de faire la liste de tout ce qu'il reste possible de faire ou de manger face à ces 2 questions. Des légumes, céréales, champignons, fruits, légumineuses, œufs, laitages... tout ce qu'un « cuisinier en herbe » sait préparer.

Comme dans ce restau où la patronne m'a servi une assiette riz + omelette + haricots verts, presque désolée, comme si elle me donnait à manger les restes. Il faut les féliciter dans ce cas, leur montrer qu'une telle assiette est décente pour le client.

Le top, c'est cette fois où le cuistot, trop honteux de me servir ça a ajouté un louche du fond de sauce de plat de viande du jour sur mon riz. Un genre de riz sauce pot-au-feu quoi...

Je précise que chacun de ces restaurateurs a fait ce qu'il a pu avec ses moyens pour me satisfaire. Juste qu'il ne comprenait pas. Il est aussi arrivé que le cuisinier improvise des merveilles sans m'assassiner sur le prix d'un produit pourtant pas sur la carte.

Les mentalités ont encore un peu de mal à évoluer. Mais au moins, ce qui pourrait passer pour une coquetterie alimentaire a toujours été traité avec respect. On ne peut pas se permettre de louper un client.

Un jour, les restaurants s'arrangeront tous pour avoir au moins 2 plats végétariens (voire végan). Là, ce sera gagné.

23. mai 2017

La passion des végans

Je comprends les dissensions qu'il y a souvent entre les végans (dont je me sens proche) et les omnivores (parfois très viandards). Ces derniers se font reprocher de malmener des animaux et se défendent de cette agression sur l'argument du « c'est naturel ».

Que nous soyons ou non faits pour manger de la viande n'est pas ici le problème, car nous sommes sortis du cycle naturel. À la rigueur, nous pourrions peut-être exercer un avantage évolutif de notre espèce : la compassion.

Les végans (et moi-même) réagissent parfois avec colère, ils sont affectés par la douleur d'un tiers. C'est une légitime « assistance à personne en danger ». Nous intégrons à notre famille ces êtres sensibles. Ce sont finalement des « personnes non-humaines ».

Les vertébrés (entre autres) ont la capacité à souffrir, c'est scientifiquement établi, on ne peut plus se cacher derrière la souffrance de la carotte pour le nier. Alors pourquoi continuons-nous à malmener les animaux ?

Je pense d'une part que le consommateur est resté sur un schéma ancien d'élevage traditionnel aujourd'hui en passe de disparaître, où l'animal avait une vie avant de mourir, et où sa mort pouvait avoir un sens relatif à sa condition d'animal. Mais ce schéma tombe devant chaque scandale alimentaire. D'autre part, admettons surtout que les habitudes alimentaires ont la dent dure. Si je ne suis pas encore 100% végan, c'est aussi à cause de cela. J'ai encore du mal à supprimer totalement et sans frustration certains aliments que j'aime. C'est cet argument qui explique qu'un fumeur meurt d'un cancer en défendant sa « liberté de fumer ».

Je pense que les végans (que je défends) font souvent l'erreur de mettre les omnivores dans le reproche direct, là où finalement, ils devraient simplement leur présenter des arguments personnels sans les imposer. Donner son avis, réagir aux abus « nouveaux », informer, et exiger le respect de leur choix éthique. J'espère y parvenir sur ce blog.

Si la conscience existe, la mauvaise conscience fera son chemin. On ne changera les habitudes des consommateurs qu'en croyant en leur bonne foi, en leur faisant confiance. Car on ne combat pas la mauvaise foi.

1. mars 2017

Les carottes souffrent-elles ?

Quand on ne mange pas de viande, on nous objecte assez systématiquement que les carottes souffrent peut-être autant que la vache au moment de la mise à mort. Cela a beau être un troll, je vais aborder le sujet.

D'une façon générale, on attribue facilement l'idée d'une souffrance possible à tout ce que l'on décrit comme « vivant ».

En voyant se débattre et fuir un mammifère face à une douleur, il nous est facile de comparer nos propres comportements et imaginer qu'il ressent comme nous. La science l'a même démontré. Mais lorsque l'élément « vivant » est très éloigné de nous, cette notion peut vite devenir abstraite. Si un insecte se débat lors d'une attaque, est-ce une douleur ou un réflexe ? Une éponge est un animal, mais elle n'a pas de système nerveux, seulement des connexions nerveuses non centralisées. Souffre-t-elle ? Un muscle fraîchement découpé qui se contracte en l'électrocutant souffre-t-il ?

La définition même de la souffrance, souvent associée à l'idée d'une conscience minimale est mise à mal. Car l'idée de souffrance est inventée selon des critères observés avant toute chose chez l'homme, et nous tentons de les transposer à d'autres être vivants.

Sur l'arbre des espèces, les champignons sont plus proches des hommes que des végétaux. Sont-ils plus à même de ressentir la souffrance que les légumes ?

Et puis il y a la notion de vie elle-même qui est très controversée. Si un dictionnaire en donne une, il faut savoir qu'il n'existe pas de consensus scientifique pour définir la vie. Certains fixent une limite aux organismes possédant de l'ADN. Certains s'attachent à des notions d'environnement (reproduction, se nourrir et produire des déchets). Et on arrive même à parler d'astres qui seraient vivants (la Terre est vivante, Mars ne l'est pas).

Je pense qu'il peut exister des choses plus ou moins souhaitables à un homme, une vache, une huître, un poulpe, un champignon, un végétal, son fruit, une planète, un simple caillou, une chaise et bientôt un robot intelligent. Mais tenter de transposer la notion très humaine de souffrance à d'autres entités « techniquement différentes » devient un exercice délicat.

Pour ma part, je m'attache à l'idée que les vertébrés ainsi que quelques autres animaux (pieuvres) souffrent car on l'a objectivé, et que ces animaux ont un fonctionnement suffisamment comparable à l'homme pour pouvoir y transposer notre propre douleur.

Pour ce qui est des végétaux, on part de très loin, et les signaux que l'on observe en coupant des carottes peuvent avoir de nombreuses autres significations, qu'il nous est impossible de distinguer entre la douleur ou, même, le plaisir !

27. février 2017

Sommes-nous faits pour tuer ?

Se faire embaucher dans un abattoir est très facile, on tue une vache devant vous, et on regarde si vous tenez le coup. On regarde aussi un peu votre pédigrée pour limiter les risques que vous soyez un militant écologiste et on vérifie si vous avez un risque de vomir au bout de 2 jours d'exécutions répétées. Pourtant, avec 6 millions de chômeurs, on manque de monde dans les abattoirs. Et ceux qui y travaillent flanchent souvent au bout d'un moment.

Pendant la guerre, alors que les soldats SS pratiquaient les exécutions en nombre, que les charniers de l'est se remplissaient à vue d'œil, les préposés aux exécutions commençaient à donner des signes de troubles psychologiques. Tuer, c'est une chose, mais exécuter froidement des milliers d'innocents, c'est mentalement plus délicat à assumer. C'est entre autres pourquoi Himmler chercha une alternative par les camions puis les chambres à gaz.

Dans les abattoirs, la victime est différente, mais le problème psychologique du bourreau est le même. Tuer des animaux souvent encore conscients, les découper alors qu'ils ne sont pas toujours morts leur amène parfois de graves séquelles. Apprendre toute sa vie à respecter la vie (humaine pour le moins), et cacher sous le tapis les réactions des animaux que l'on découpe. Les considérer comme de la simple matière pour mieux survivre à l'expérience, en ignorant à quel point nous sommes proches d'eux.

Certains quittent l'abattoir en faisant des cauchemars chroniques, souffrant de stress traumatiques, dégoûtés de la viande...

Leurs cadences de travail ne permettraient à personne de faire du « bon boulot ». Et le sale boulot, ça fait un sale boucher autant qu'une sale viande et un sale consommateur.

On souffre de la viande qu'on mange. Mais on souffre aussi de tuer. Qu'est-ce que ça peut bien dire sur la nature humaine ?

Sommes-nous faits pour tuer comme nous le faisons ? Sommes-nous faits pour manger la viande que nous mangeons ?

18. janvier 2017

Manger du miel

Dans un ancien article, j'avais évoqué le fait que je ne mangeais plus de miel. Il est peut-être grand temps de m'en expliquer.

Vous me savez plutôt engagé sur la souffrance animale, et si la capacité à souffrir de tous les vertébrés a été démontrée, il n'en est pas de même des insectes. Je ne crois pas qu'on ait encore eu l'occasion de passer une abeille dans un IRM pendant qu'on lui arrachait les ailes pour vérifier scientifiquement que ça lui déplaisait.

Lors de mon dernier billet, de nombreux liens avaient été proposés dans les commentaires, expliquant de bonnes raisons de passer à autre chose. En voici un résumé :
– Pour éviter que l'abeille reine ne se sauve, on a parfois tendance à lui couper les ailes.
– Les abeilles sont censées produire le miel dont elles ont besoin. Les faire travailler davantage (pour nous) est une source de stress.
– Certaines entreprises peu scrupuleuses détruisent les ruches d'une année sur l'autre, car pas rentables en hiver (une ruche consomme 10kg de miel en hiver). Ils en rachètent pour le printemps.
– Pour compenser le miel pris aux abeilles, on leur donne du saccarose (sucre ou sirop), ne compensant pas les nutriments perdus en échange du miel.
– La production de miel nécessite des abeilles qui travaillent beaucoup. Cela amène à une sélection des espèces les plus « rentables », et les moins agressives, appauvrissant au passage la variété des espèces. C'est aussi de cette façon qu'on a laissé s'échapper dans la nature des abeilles tueuses métissées.
– La sélection d'abeilles rentables exclut naturellement des surfaces « butinables » les autres pollinisateurs, qui pourtant seraient de bonnes alternatives à l'effondrement des abeilles que l'on connaît. La compétition peut à terme faire disparaître d'autres insectes pollinisateurs (mouches, papillons, abeilles solitaires...).
– La sélection des espèces se fait par insémination artificielle (comme pour tous les animaux). L'insémination artificielle des abeilles se fait en coupant la tête du mâle (pour récupérer le sperme) puis en l'injectant dans la reine à l'aide d'écarteurs (c'est précis, on en rate donc beaucoup).

Les arguments ne manquent donc pas, et je sais qu'il existe toujours le petit apiculteur joyeux qui respecte les abeilles (quelle variété d'abeille au fait ?). Ces apiculteurs restent rares (quand bien même ils régleraient tous les point cités), mais surtout, remplacer le miel par autre chose est vraiment facile et pas frustrant : Sirop d'érable ou d'agave par exemple, ou d'autres formes de sucre (testez la mélasse, c'est vraiment étonnant).

Alors si faire le probable bonheur de milliers d'abeilles est aussi facile, je le fais.
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Quelques liens sur ce sujet : Société végane, Vegactu, Vegan-mania
Quelques chiffres : citycable

31. octobre 2016

La viande vous démange encore ?

J'ai déjà écrit de nombreux billets pour vous inciter à réfléchir autrement à votre rapport à la viande. Tout le monde n'est pas nécessairement obligé de devenir végan pour sauver des ours blancs (ceux-là même que l'on ne mange pas, vous noterez). Mais ne serait-ce que cela : faire attention à ne pas manger n'importe quoi. Réfléchir un peu est généralement gratifiant et permet de se sentir humain. Alors voilà encore quelques arguments très connus, mais résumés en quelques lignes, de façon que vous puissiez même choisir les légumes par égoïsme.

Au-delà de la souffrance animale déjà abordée ici, voilà donc quelques bonnes raisons de ne pas manger de viande :

– Manger trop de viande développe le cholestérol, les hémorroïdes, les cancers (colon, prostate et autres) ;
– Les contrôles actuels ne permettent pas de garantir que la viande que l'on mange est exempte d'antibiotiques, d'hormones de croissance ou de cheval (ce serait presque l'inverse) ;
– L'usage abusif des antibiotiques menace notre santé en affaiblissant leur efficacité ;
– La production de viande est une hécatombe du point de vue de l'effet de serre (méthane et CO2) ;
– L'élevage est de plus en plus intensif et il ruine l'environnement en concentrant les nitrates (développement d'algues vertes entre autres) ;
Les systèmes modernes d'élevage sont des incubateurs à virus, listeria monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en tout genre. (...) « il n'est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux ou des produits animaux » (source).
– Les emballages de la grande distribution contiennent des nanoparticules d'argent, dont les effets sur notre santé peuvent inquiéter ;
– Il est très complexe voire impossible d'identifier le mode d'abattage utilisé pour la viande (halal & casher), ce qui peut poser un problème éthique aux athées. Seul le porc ne pose pas ce problème...

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