Sommes-nous faits pour tuer ?

Se faire embaucher dans un abattoir est très facile, on tue une vache devant vous, et on regarde si vous tenez le coup. On regarde aussi un peu votre pédigrée pour limiter les risques que vous soyez un militant écologiste et on vérifie si vous avez un risque de vomir au bout de 2 jours d'exécutions répétées. Pourtant, avec 6 millions de chômeurs, on manque de monde dans les abattoirs. Et ceux qui y travaillent flanchent souvent au bout d'un moment.

Pendant la guerre, alors que les soldats SS pratiquaient les exécutions en nombre, que les charniers de l'est se remplissaient à vue d'œil, les préposés aux exécutions commençaient à donner des signes de troubles psychologiques. Tuer, c'est une chose, mais exécuter froidement des milliers d'innocents, c'est mentalement plus délicat à assumer. C'est entre autres pourquoi Himmler chercha une alternative par les camions puis les chambres à gaz.

Dans les abattoirs, la victime est différente, mais le problème psychologique du bourreau est le même. Tuer des animaux souvent encore conscients, les découper alors qu'ils ne sont pas toujours morts leur amène parfois de graves séquelles. Apprendre toute sa vie à respecter la vie (humaine pour le moins), et cacher sous le tapis les réactions des animaux que l'on découpe. Les considérer comme de la simple matière pour mieux survivre à l'expérience, en ignorant à quel point nous sommes proches d'eux.

Certains quittent l'abattoir en faisant des cauchemars chroniques, souffrant de stress traumatiques, dégoûtés de la viande...

Leurs cadences de travail ne permettraient à personne de faire du « bon boulot ». Et le sale boulot, ça fait un sale boucher autant qu'une sale viande et un sale consommateur.

On souffre de la viande qu'on mange. Mais on souffre aussi de tuer. Qu'est-ce que ça peut bien dire sur la nature humaine ?

Sommes-nous faits pour tuer comme nous le faisons ? Sommes-nous faits pour manger la viande que nous mangeons ?

Commentaires

1. Le 28. février 2017, 7h08 par Mae

Une nouvelle vidéo bien à propos, "Faut-il avoir honte d'être carnivore ?" :
http://www.arte.tv/guide/fr/072455-...

2. Le 25. mars 2017, 7h38 par le gauchiste

Merci pour cette vidéo. J'ai mis longtemps avant de la voir pour des raisons techniques.

J'admets qu'on peut tout à fait décider de choisir une viande sur des critères « plus éthiques » (c'est ça de pris), toutefois les arguments rapidement développés ne me plaisent pas. Notamment, agiter le démon des végans qui veulent rendre les lions végétariens pour soutenir une thèse de la viande noble au nom de la nature de l'homme est un peu douteux.

La pirouette aussi pour éviter d'aborder la moralité de l'homme face à la viande (quand même central), où les végans diraient : « ce que l'on n'est pas obligé de faire est quelque chose que l'on ne doit pas faire ». Lui seul s'engage sur un argument aussi vague, car il suppose que la non obligation de faire implique le devoir de ne pas faire, alors que ce devoir est guidé par autre chose (sens moral, logique, religion, science...) au cas par cas. J'appelle ça un syllogisme. Selon sa théorie, on peut aussi douter de la légitimité de se passer de tout ce qui pollue, on peut légitimer les pires choses. En fait, on s'autorise tout ce que la morale réprouve puisqu'on l'a sortie du raisonnement par un biais logique.

Je ne sais pas ce que vaut le livre de l'auteur, mais il me m'a pas donné envie de le lire.

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