Manger du miel

Dans un ancien article, j'avais évoqué le fait que je ne mangeais plus de miel. Il est peut-être grand temps de m'en expliquer.

Vous me savez plutôt engagé sur la souffrance animale, et si la capacité à souffrir de tous les vertébrés a été démontrée, il n'en est pas de même des insectes. Je ne crois pas qu'on ait encore eu l'occasion de passer une abeille dans un IRM pendant qu'on lui arrachait les ailes pour vérifier scientifiquement que ça lui déplaisait.

Lors de mon dernier billet, de nombreux liens avaient été proposés dans les commentaires, expliquant de bonnes raisons de passer à autre chose. En voici un résumé :
– Pour éviter que l'abeille reine ne se sauve, on a parfois tendance à lui couper les ailes.
– Les abeilles sont censées produire le miel dont elles ont besoin. Les faire travailler davantage (pour nous) est une source de stress.
– Certaines entreprises peu scrupuleuses détruisent les ruches d'une année sur l'autre, car pas rentables en hiver (une ruche consomme 10kg de miel en hiver). Ils en rachètent pour le printemps.
– Pour compenser le miel pris aux abeilles, on leur donne du saccarose (sucre ou sirop), ne compensant pas les nutriments perdus en échange du miel.
– La production de miel nécessite des abeilles qui travaillent beaucoup. Cela amène à une sélection des espèces les plus « rentables », et les moins agressives, appauvrissant au passage la variété des espèces. C'est aussi de cette façon qu'on a laissé s'échapper dans la nature des abeilles tueuses métissées.
– La sélection d'abeilles rentables exclut naturellement des surfaces « butinables » les autres pollinisateurs, qui pourtant seraient de bonnes alternatives à l'effondrement des abeilles que l'on connaît. La compétition peut à terme faire disparaître d'autres insectes pollinisateurs (mouches, papillons, abeilles solitaires...).
– La sélection des espèces se fait par insémination artificielle (comme pour tous les animaux). L'insémination artificielle des abeilles se fait en coupant la tête du mâle (pour récupérer le sperme) puis en l'injectant dans la reine à l'aide d'écarteurs (c'est précis, on en rate donc beaucoup).

Les arguments ne manquent donc pas, et je sais qu'il existe toujours le petit apiculteur joyeux qui respecte les abeilles (quelle variété d'abeille au fait ?). Ces apiculteurs restent rares (quand bien même ils régleraient tous les point cités), mais surtout, remplacer le miel par autre chose est vraiment facile et pas frustrant : Sirop d'érable ou d'agave par exemple, ou d'autres formes de sucre (testez la mélasse, c'est vraiment étonnant).

Alors si faire le probable bonheur de milliers d'abeilles est aussi facile, je le fais.
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Quelques liens sur ce sujet : Société végane, Vegactu, Vegan-mania
Quelques chiffres : citycable

Commentaires

1. Le 25. janvier 2017, 9h30 par yann

Et si les "RSIistes" et autres glandeurs ou élus du peuple étaient des apiculteurs facétieux qui se servaient gentiment dans la ruche des travailleurs afin de se régaler du bon miel a moindre effort.

On va bien finir par nous les énerver ces pauvres "ouvrières" que voila.

2. Le 25. janvier 2017, 10h07 par le gauchiste

Il me semble un peu naïf de croire que le miel se trouve dans les poches de ceux qui travaillent. L'économie « réelle » ne représente que 2% de l'économie financière.

Donc rassure-toi, tu peux continuer à travailler comme avant. Il y a moyen de prendre dans d'autres poches sans même que ça se voie.

Essaie quand même d'éviter les hors sujets en commentaire.

3. Le 16. février 2017, 2h10 par B.PÈRE

La défense de la cause animale est indispensable, essentielle. La façon dont on traite les animaux qui travaillent pour nous est révélatrice de l'état de délitement de notre société.
Voilà un bon bout de temps que j'avais envie de donner mon point de vue sur ce problème. Ça tombe sur toi ;o)
Même si j'essaie de manger de moins en moins de viande, je consomme toujours des légumes et en produit une partie moi-même. Et j'ai du mal à comprendre pourquoi les végétaux sont aussi mal considérés : on ne leur reconnaît aucune conscience et donc, leurs cultures en batterie et hors sol ne nous pose aucun problème sinon pour notre propre santé. Les champs de plusieurs hectares de céréales (ou autres), hybrides pour la plupart (dans le meilleur des cas), et nourris à coups d'engrais divers, arrosés de pesticides et autres joyeusetés n’alerte guère notre sensibilité.
Enfin bref, je crains que nous ne créions une hiérarchie du vivant au sommet de laquelle nous régnerions. Du haut de notre trône, nous déciderions qui est digne de nos larmes.
Cela dit j'aime beaucoup ton site que j'ai découvert depuis que je suis sur Diaspora* et t'encourage à poursuivre.

4. Le 16. février 2017, 3h22 par le gauchiste

Merci !

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