Un steak sympa

L'industrie a fait de la viande un produit de masse, elle a développé sa production au point d'en démultiplier sa consommation. Mais de cette façon, elle a déshumanisé à outrance notre rapport à l'animal.

Elle a complètement effacé le lien que le client faisait entre la viande et l'animal. Le client est devenu un consommateur. Au point d'utiliser des stratégies pour que la viande ne ressemble pas à un cadavre : éviter les traces de sang, mettre des logos infantilisants de viande joyeuse, cacher le débitage. Elle a aseptisé l'image de la viande au point que, tout consommateur que nous sommes devenus, nous aurions du mal à tuer un animal de nos mains pour manger.

Les enfants ont tous un réflexe de sympathie à l'égard des animaux. C'est même souvent le seul souvenir que nous partageons aujourd'hui avec la viande de notre assiette. Même quand nous sommes adultes. Nous sommes tous en conflit intérieur lorsque nous acceptons l'élevage industriel. Réduire la viande réduit ce conflit.

Il aura suffit que quelqu'un montre l'intérieur d'un abattoir.

En déshumanisant notre rapport à l'animal, l'usine à viande s'est tiré une balle dans le pied. Il aura fallu en arriver là pour que la consommation de viande baisse enfin en France.

Après une guerre, on contemple l'horreur, on compte les corps, on écoute les histoires et on se dit enfin que c'est dégueulasse, qu'il ne faut pas en refaire. C'est dommage qu'il faille une guerre. Espérons que l'industrie de la viande soit une guerre suffisante.

Aujourd'hui, les animaux sont enfin reconnus comme des être sensibles. C'est peu, mais c'est essentiel. La prise de conscience a commencé. Mais le chemin sera long.

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