Sur l'obésité des voitures

Je vous ai récemment parlé de mon accident de vélo. Ma roue a percuté la roue avant d'une voiture et je suis passé au-dessus du capot.

Roue voilé, fourche enfoncée, quelques travaux de remise en état du pédalier, mon vélo n'ayant plus ses pièces d'origine a encore un peu de mal à s'en remettre.

Pour ma part, le soleil que j'ai fait au-dessus de la voiture m'a permis d'atténuer ma vitesse et de tomber par terre en amortissant un peu ma chute, par mes bras, mon sac, ma roulade. Rien de cassé. De jolis bleus, une petite cicatrice au coude et un genou qui craque un peu de temps en temps. On appelle ça avoir de la chance.

Croiser une voiture qui vous barre la route pour cramer une ligne blanche, c'est ce qu'on appelle dans mon cas « de la chance ». Sans doute parce que je n'ai pas rayé la voiture...

Depuis cet accident, il y a 10 ans, le comportement des automobilistes a évolué. D'une part, on voit moins de voitures sur les pistes cyclables : elles stationnent maintenant sur les trottoirs, gênant à présent les poussettes et les fauteuils roulants (ne surtout jamais gêner les autres voitures !). J'observe de plus en plus des infractions consistant à griller des feux (parfois par anticipation), des lignes blanches, des stops, des sens interdits. C'est maintenant devenu quotidien. On se permet aujourd'hui en voiture ce qu'on s'autorisait en tant que piéton.

Et plus dangereux, les voitures se sont habituées aux vélos, et elles ne font plus l'écart nécessaire à un dépassement : 1 mètre en ville. Quand je le rappelle à l'automobiliste qui arrive au feu, je passe pour un mauvais coucheur. Il manque de m'envoyer dans le décor, et je suis le problème ? Comprenez bien mon énervement.

Depuis 2008, aussi, la taille des voitures a enflé. Il n'existe plus une marque qui ne propose pas un 4x4 SUV. Les rues sont maintenant peuplées de voitures au-dessus desquelles je ne pourrai jamais passer. Même la Mini de 1959 est devenue un monstre, passant de 700kg à 1,4 tonnes à vide et de 32 à 192 chevaux, de 3 à 4,3 mètres de long... Même la plus petite des voiture est devenue un monstre SUV.

Le prochaine voiture à faire demi-tour sur une ligne blanche ne me laissera même plus la chance d'une roulade au-dessus de son capot. Non, la prochaine fois, je m'écraserai comme une mouche dessus, car le capot est maintenant à hauteur de mon bassin. Ce sera au minimum une clavicule cassée.

Les voitures n'ont décidément plus rien à faire en ville.

Commentaires

1. Le 26. mai 2018, 10h51 par doc folamour

Au fond la place marginale, le peu d'égard et d'attention qu'on laisse aux cyclistes et d'un autre côté la place et la liberté disproportionnées qu'on octroie aux voitures sont très révélateurs de l'ère du temps: des miettes pour les petits, les vertueux, les non-polluants, des privilèges pour les plus riches, les plus gros, les plus dangereux. Voilà qui donne envie de faire la Vélorution!

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