Chômage

La vie d'un chômeur n'est pas toujours de tout repos. Ici, vous apprendrez tout de la vie d'un chômeur. Son quotidien, l'administration, voire parfois le harcèlement administratif dont ils sont victimes pour avoir le droit de toucher pas grand chose.

 

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29. novembre 2021

1 million d'annonces chez Pôle Emploi

La blague du jour, c'est que j'ai reçu des offres de Pôle Emploi. Laissez-moi juste mettre en scène l'actualité, je dois travailler mon style !

J'ai déjà parlé des annonces et des rubriques absolument stupides de ce site. La CFDT avait déjà pointé le problème des annonces qui ne correspondaient à rien. Parfois des arnaques, des doublons ou simplement des boulots impossibles à accepter (cadre 10 ans d'expérience payé à coup de pizza), voire les annonces pour des sales besognes en freelance.

Je vous avais narré mon désarroir de découvrir que mon abonnement aux annonces incluant le mot « animateur » avait été effacé d'office par Pôle Emploi pour critères trop restrictifs. J'avais limité à une zone de plus de 300 000 habitants avec un mot le plus bateau possible.

En effet, «animateur» peut renvoyer des emplois dans le spectacle, le socioculturel, l'animation de réunions voire même la grande distribution (animation en tête de gondole pour faire goûter de la moutarde, vous savez ?). Bref, rien en 2 mois, ils se permettent de supprimer l'abonnement, m'obligeant à le réactiver. Je suis une souris en cage avec une petite roulette pour faire du sport. Je clique pour les bilans, pour créer des CV, pour trouver des annonces, je clique pour des annonces qui n'existent pas, je clique avant qu'on ne les efface...

J'ai donc plusieurs abonnements pour des métiers différents. Le dernier est lui aussi très vague : « design ». après quelques mois très mornes avec des annonces hors sujet par rapport à mon profil (c'est ça ou je ne reçois rien), je reçois enfin non pas 1 annonce, mais 29 annonces ! Merveilleux ! Je les lis donc... et... c'est le drame.

Ces annonces sont toutes des copier-coller rigoureux les unes des autres. L'employeur est le même, la ville change un peu, mais l'annonce est une copie d'une annonce à l'autre. On a donc ici 29 annonces référencées sur le site pour un seul et même poste. Dois-je en déduire que le million d'annonces du site n'en sont en fait que 30 000 ?

En fait, c'est pire que ça, je viens de tomber sur cet article qui nare une annonce publiée 108 fois. Merci Bruno Le Maire de multiplier ces annonces au centuple ! Même Jésus n'a pas réussi ce miracle...

Vivement que je traverse la rue !

21. novembre 2021

Les Bilans en ligne de Pôle Emploi

Je vous en avais déjà parlé, Pôle Emploi n'ayant plus le temps de rencontrer les chômeurs, les bilans étaient devenus par téléphone. Mais même au téléphone, c'est pas simple, les agents sont débordés, alors sont arrivés les bilans par mail. Peut-on faire pire ? Oui ! Les bilans personnalisés par formulaire en ligne bien sûr !

C'est simple, Pôle Emploi vous envoie un mail avec un lien cliquable et vous envoie sur son site. On vous informe que vous avez 10 jours pour compléter un « questionnaire », qui est en fait un formulaire avec des cases à cocher et quelques rares cases vierges à remplir avec du texte. Pas pour raconter sa vie, mais pour justifier de nos démarches passées ou à venir.

Le plus drôle, c'est que dans mon cas, j'ai reçu ce formulaire à remplir 48h avant d'avoir reçu le même en plus méchant de la part de la CRE (ou ECRE, comme vous préférez). Si entre la Stasi et la Gestapo ils pouvaient se mettre d'accord, ça éviterait les doublons...

Bref, le formulaire de Pôle Emploi est bête et avilissant. On commence par une question bête :
« Comment vous sentez-vous pour retrouver un emploi dans les mois à venir ? » et le choix à cocher est : confiant(e) / incertain(e) / découragé(e)... 6 millions de chômeurs pour 0,2 millions d'annonces incluant des doublons et des annonces pourries, pas de quoi être confiant... les plus confiants ne s'inscrivent d'ailleurs pas à Pôle Emploi.

Entre autres questions bêtes, on vous demandera aussi si vous trouvez les sites de Pôle Emploi utiles (t'as vraiment envie de te faire lyncher en répondant « non » ?).

Cette autre question : « Rencontrez-vous des difficultés (transports, logement, santé,...) dans votre recherche d'emploi ? » a simplement pour but de vous radier au motif que vous n'êtes pas en mesure de trouver un boulot dans ces conditions. Et la plupart des autres questions ont pour but de remplir les ateliers des sociétés de service financées par Pôle Emploi.

On termine avec « Ma relation avec Pôle Emploi », on doit cocher notre niveau de satisfaction concernant la pertinence des réponses qui me sont apportées (par eux j'imagine) et la rapidité de leur réponse. Histoire de bien nous infantiliser, on a droit à des smileys qui sourient ou qui boudent pour choisir la réponse. Mais surtout aucun formulaire permettant de donner des détails.

Par exemple pour dire ce qu'on penserait de ce questionnaire misérable. Voilà ce qui reste aujourd'hui d'humanité à Pôle Emploi. Mais je suis confiant : ils ont le potentiel pour faire encore pire...

5. mai 2021

Pôle Emploi VRP de LinkedIn

Récemment, suite au coup de fil d'un conseiller pôle emploi, on m'a suggéré d'assister à un atelier pour bien utiliser les réseaux sociaux. L'idée était que j'utilise LinkedIn pour chercher du boulot. L'aveu d'échec de Pôle Emploi : ben oui, il y a des offres d'emploi chez eux qu'on n'a pas chez nous.

LinkedIn est un réseau social, un peu comme Facebook, mais orienté sur l'emploi. Un genre de concurrent « gratuit »  à Viadeo, pour ceux qui connaissent.

Ça ne gêne pas trop Pôle Emploi d'agglomérer les offres d'emploi de OuestJobs, Monster, Addecco ou n'importe quel autre site ayant des annonces absente du site Pôle Emploi (amenant à de très nombreux doublons dans les offres), mais pour ce qui est de récupérer celles de LinkedIn : tintin, nada, niet.

Interdit ? Techniquement impossible ? Toujours est-il que pour pallier ce problème, on nous conseille de nous y inscrire, et donc, ils proposent un atelier pour bien réussir à se servir des « réseaux sociaux ».

Par temps de COVID, le seul moyen d'y assister est le « distanciel ». Comprendre : ce sera en « visio ». Si j'ai prétexté ne pas avoir de webcam/micro ne sachant pas où finiront les images de mon portrait, on m'a dit que cela ne poserait pas de problème. Pôle Emploi, m'inscrit donc à l'atelier.

La veille, je suis contacté par une boîte privée, un de ces prestataires morpion dont le seul client est l'agence des chômeurs, pour faire le boulot qu'ils ne font plus tant ils ont dégraissé. Bref, une boîte privée pour faire un atelier en visio. On me demande si je serai bien présent, et on profite de l'occasion pour faire un petit test de connexion. Et là, c'est de drame.

Le prestataire utilise Google Meets. Un service qui exige que j'aie un compte Google. Et je n'en ai pas. Mon interlocuteur m'explique que normalement, j'ai juste à cliquer sur un lien et ça marche. Mon interlocuteur ne savait donc pas que si ça marche chez les autres, c'est parce qu'ils ont tous une session ouverte sur Google.

Pourquoi utiliser ce service ? Mais parce que c'est gratuit pardi ! Et pas besoin de technicien chez eux pour régler les problèmes technique ! Quand Pôle Emploi rémunère des sous-traitants VRP de Google.

Au moins, mon interlocuteur a admis qu'il n'était pas très éthique de me demander de créer un compte sur Google et a accepté que je n'assiste pas à l'atelier. Cela lui évite d'assumer son incapacité à régler un problème technique qui venait de chez eux : l'impossibilité de créer 12 comptes bidons chez Google le temps de l'atelier. L'info est remontée à Pôle Emploi qui n'avait pas trop le moyen de m'obliger.

On a surtout passé l'éponge parce que je n'avais clairement pas besoin de cet atelier pour créer un compte sur LinkedIn. Là où Pôle Emploi a aussi joué le rôle de VRP pour Linked In.

23. mars 2020

Intérim : le parrain (3)

Je vous ai raconté les mésaventures de Julie avec son agence d'intérim. Rien de catastrophique, non, juste un petit exemple de pratique douteuse qu'on rencontre parfois. L'agence a d'abord menti à Julie sur le poste pour ensuite lui soutirer de l'argent sous des aspects de bonne foi.

Les éléments décrits dans mon précédent billet, outre le fait que l'agence aurait dû demander l'autorisation explicite écrite de Julie, n'apparaissent même pas dans le contrat de travail. Quel contrat de travail ? Celui qui est au dos du machin qu'elle a signé après avoir terminé le boulot.

Bah oui, on n'attend pas la paperasse pour bosser, sinon on n'est jamais pris ! Mais quand même le contrat, pour la beauté, je voudrais vous le montrer...

Ce simple dos de papier A4 (format lettre) est écrit en gris clair, avec des caractères d'une taille absolument illisible. Moi, avec mes lunettes, je ne le lis pas. Désolé. Surtout que soyons clairs : c'est l'autre côté du papier que l'on signe, on pourrait ne même pas comprendre qu'il y a un truc à lire ici...

Ça sent fort la malice tout ça.

Et vous, vous faites confiance à votre agence d'intérim ?

22. mars 2020

Intérim : le parrain (2)

Julie, qui vient de terminer son contrat d'intérim ne sera payée que le 15 du mois suivant. C'est comme ça. Parce que dans l'intérim, la boîte fait de la trésorerie sur le dos des chômeurs. Celui qui bosse a intérêt à être prévoyant. Elle attend donc les 3 semaines qui suivent la fin de sa mission pour aller chercher son salaire.

On lui présente la feuille de salaire, un peu sèche à son goût. Le contrat indiquait 20h de travail, mais elle en a fait plus, sur la demande du client. Ces heures ont-elles été prises en compte ? Va-t-elle tomber dans un vortex de responsabilités entre le client et l'agence ? Apparemment non, le nombre d'heures est bon. Mais pas le salaire. Le contrat ne contient pas la prime de précarité ni les congés dus. Cela représente quand même 20% du total, c'est pas rien. En scrutant, elle découvre qu'une somme est soustraite à son salaire : « mise en CET ».

Le CET est un « compte épargne-temps ». C'est un compte que l'on peut ouvrir sur l'accord du salarié pour y mettre de l'argent et qui peut passer d'un employeur à l'autre. Sauf qu'à défaut de donner son autorisation, elle n'a même jamais été prévenue de cette pratique. L'argent est toujours sur le CET. Pas très réglo tout ça.

Combien d'employés se font duper parce qu'ils ne comprennent pas ce tour de passe-passe ? Combien d'argent l'agence économise-t-elle en trésorerie sur les salaires ? Combien de salariés se font flouer, parce qu'ils ne savent même pas qu'il leur manque cette somme ?

Elle a donc appelé l'agence pour dénoncer cette pratique et réclamer son argent. On lui répond que c'est plus simple d'attendre le mois prochain pour le récupérer avec la nouvelle paie (donc le 15 du mois suivant, presque 2 mois après avoir travaillé 3 jours). Elle a finalement récupéré son argent. L'agence aura fait de la trésorerie avec l'argent versé. La bonne affaire.

Si elle n'avait rien dit, elle n'aurait jamais récupéré son dû. L'argent continuerait à faire des petits pour l'agence. Dernier numéro dans le prochain billet.

Et vous, vous faites confiance à votre agence d'intérim ?

21. mars 2020

Intérim : le parrain (1)

87% des nouveaux emplois sont aujourd'hui des CDD, dont 30% ne durent qu'une journée.

« Le taux de rotation de la main-d’œuvre augmente fortement en vingt-cinq ans, passant de 29 % en 1993 à 96 % en 2017. » (source)

En vedette, les agences d'intérim. Pas qu'elles soient vraiment vertueuses dans ce domaine, mais Pôle Emploi n'arrivant plus à fournir, c'est le dernier rempart avant l'inactivité. Alors on y va pour trouver des boulots pourris. On sait que ce sera minable, alors on imagine qu'on ne sera pas déçus.

Mais même dans ce domaine, on arrive à être surpris. Petite expérience remontée par Julie, fidèle lectrice de ce blog. Elle cherchait un poste en couture.

Cette agence propose généralement des emplois en BTP. Et là, miracle, elle met une annonce pour trouver une couturière. Julie répond, mais son CV est archivé. On la rappelle pour lui dire que le poste est pourvu, mais que si elle cherche du boulot, on aurait besoin d'elle pour ouvrir des colis dans une boîte de vente en ligne. Elle accepte, car elle ne veut pas passer pour une feignasse de chômiste, le temps qu'une autre annonce en couture tombe.

Le boulot est très loin, elle va en repérage, et arrive à trouver un trajet pas trop dangereux pour aller travailler en 40 minutes de vélo.

Le rythme est tendu, les blessures fréquentes, on est loin du boulot qu'elle cherchait, elle ne reste que les 3 jours qu'elle s'est engagée à faire. Entre temps, elle découvre un peu la boîte, et voit bien que les hommes sont sur les Fenwick, les femmes sont aux colis. La boîte ne prend que des femmes pour ce poste, quoi que dise la loi à ce sujet.

À sa prise de poste, elle découvre que l'annonce de couture a été remise en ligne sitôt son poste commencé. L'agence ne la rappelle jamais pour ce poste et pour cause : c'est une fausse annonce. Le seul moyen que cette agence de BTP a trouvé d'avoir un vivier de CV de femmes.

« J'ai tiqué quand j'ai découvert que j'avais une collègue qui avait été recrutée par la même boîte d'intérim, et qui était elle aussi couturière. De toute façon, quand on m'a proposé le poste, la nana au téléphone m'a clairement dit qu'elle cherchait des femmes pour ce poste. » (Julie)

D'autres déconvenues auront lieu sur ce simple contrat de 3 jours. Je vous les raoncterai dans le prochain billet.

Et vous, vous faites confiance à votre agence d'intérim ?

6. novembre 2019

L'hypermarché de l'emploi

Le travail tue. Ça, tout le monde le sait. Entre les métiers réellement dangereux et les autres, on a le choix. On connaît les accidents mortels, évidemment, un commercial qui se tue en voiture, un ouvrier du bâtiment qui chute, un ouvrier du nucléaire qui est irradié (mais bon, je ne suis pas certain qu'il soit vraiment comptabilisé, lui). Mais on a aussi des cas plus simples. Les lombalgies, par exemple, représentent un accident du travail sur 5, pour un coût de 1 milliard d'euros. Les accidents du travail touchent environ 3,4% des salariés, mais le score monte à 9% pour le BTP ou 10% pour le soin à la personne !

Mais ce ne sont pas forcément des morts. Tous les employés ne se suicident pas non plus. Même si le score augmente pas mal chez les policiers en ce moment. On a connu une belle série chez France Telecom aussi. Des situations de stress qui ne mènent pas toujours au suicide. Mais si on regarde dans le détail, le coût pour la société est colossal. On ne parlera pas seulement des maladies professionnelles, mais aussi des personnes qui deviennent inactives ou moins performantes au travail. Ne rigolez pas, cela représente 3 à 4% du PIB ! Soit 6 à 8 milliards d'euros quand même.

Mais l'autre côté, dont on parle depuis quelques temps, c'est le chômage. Il tuerait 14 000 personnes en France chaque année, selon l'INSERM. Le stress joue encore sa part, mais aussi l'alimentation, les mauvaises habitudes (tabac, alcool) et le suicide. Une solution toute trouvée pour faire baisser le chômage en France !

« Quand le taux de chômage grimpe de 10 %, celui du suicide, lui, augmente de 1,5 % » (source)

À cela s'ajoutent les SDF qui meurent prématurément. Car évidemment, s'ils sont complètement sortis du marché de l'emploi, il en sont bien un élément conséquent. L'espérance de vie d'un SDF est de 45 ans.

De quoi accabler un peu plus le bilan désastreux de Macron (1).

Après l'hypermarché de la malbouffe, nous voici dans l'hypermarché de l'emploi...

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(1) Macron est directement « responsable » des 2000 à 3000 blessés gilets jaunes. Bilan détaillé des plus graves ici.

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