La bonne blague de l'hydrogène

C'est le progrès, elles arrivent ! Les voitures à hydrogène seront bientôt partout. Alléluia ! Comment ça je n'y crois pas ? Même un écolo comme moi ? Voyons pourquoi.

La promesse est très simple : la combustion de l'hydrogène dans l'air donne de la vapeur d'eau et c'est tout. Génial ! On n'a plus qu'à trouver de l'hydrogène et le mettre en bouteilles ! Sauf que non : ce n'est pas aussi simple. De l'hydrogène à l'état naturel, c'est plutôt rare. En fait, pour avoir de l'hydrogène, il faut avant tout le produire.

Le principal moyen (utilisé aujourd'hui), c'est de récupérer cet hydrogène depuis le gaz « naturel ». Il s'agit ni plus ni moins que d'extraire l'hydrogène d'un hydrocarbure, à l'aide d'énergie (elle-même productrice de CO2). Le déchet de cette réaction est naturellement encore du CO2 (celui du méthane cette fois). On retrouve ici tout le bon CO2 qu'on essayait de ne pas produire avec la voiture. On a donc avec cette production un bilan qui est déjà largement aussi mauvais que celui de l'essence (et sa production).

L'autre option qui semble évidente est l'électrolyse de l'eau. On utilise une grande quantité d'énergie pour séparer l'hydrogène et l'oxygène de l'eau. Naturellement, ça semble magique, parce que le déchet de la production est alors de l'oxygène (O2). Mais il ne faut pas oublier la grande quantité d'énergie à apporter, largement supérieure à celle que vous pourrez espérer utiliser dans votre moteur. C'est une façon de déporter le problème du CO2 vers celui du nucléaire. Cette réaction ne permet de récupérer que 50% à 80% de l'énergie utilisée, que l'on déduira du rendement du moteur...

Et n'espérez par produire tout cet hydrogène avec les installations électriques actuelles. Car aujourd'hui, l'électricité ne représente que 25% de l'énergie consommée en France. Imaginez le nombre de centrales qu'il faudrait créer pour faire rouler nos chères voitures : le pétrole représente 41% de l'énergie utilisée. Nous avons 58 réacteurs nucléaires en fin de vie, même en les prolongeant, il faudrait en fabriquer 95 nouveaux pour faire rouler ces voitures. Et ce n'est qu'en France...

Inutile de vous dire qu'à ce train-là, les maigres réserves d'uranium déjà prévues ne durer que 15 ans risquent de fondre comme une banquise aux pôles.

Ajoutons à cela qu'il faut stocker cet hydrogène à haute pression, le transporter (avec tout le danger que cela comporte), avant de pouvoir enfin le brûler dans un moteur pour avancer.

Sinon, y'a toujours le vélo...

EDIT : explications détaillées ici.

Commentaires

1. Le 6. février 2017, 9h05 par Plk

La durée de 15 ans pour les réserves d'uranium est parmi les estimations les plus pessimistes (sans compter celles qui prévoyaient que le dernier atome serait fissionné en 1989 ou en 2015). Mais bon, la production d'énergie par la fission de l'uranium pose déjà assez de problèmes avec ses déchets qu'on ne sait toujours pas retraiter correctement...

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