Je viens au sujet de votre facture de gaz
Par le gauchiste le 22. juin 2016, 7h21 - Consommation - Lien permanent
Depuis qu'on a un digicode en bas de l'immeuble, on en a beaucoup moins.
Je n'étais pas nécessairement pour cette serrure, surtout depuis le jour où une personne s'était réfugiée dans l'escalier de l'immeuble pour se réchauffer. Il avait dormi sur mon paillasson en guise de matelas. En découvrant la scène, j'avoue avoir eu honte de ne pas lui offrir mieux. En fait, il s'était servi par nécessité. Les clochards, dans l'immeuble, ça fait sale me dit-on. Les chômeurs aussi font sale dans les statistiques. Ce pauvre type venait juste se réfugier. On en a rarement.
Finalement, ces digicodes ont au moins eu l'avantage de réduire le nombre de démarcheurs à domicile. Depuis leur installation, on n'a plus que les malhonnêtes. Ceux qui possèdent un pass en toute illégalité (généralement les agents immobiliers pour mettre de la pub) et les marchands de gaz qui font toutes les sonnettes jusqu'à trouver un gogo pour leur ouvrir.
Ce sont des gens dont la fonction est de nous vendre un produit que l'on a déjà ou dont on n'a pas besoin. Et comme on ne va pas l'acheter chez eux, alors ils tentent leur chance en venant nous convaincre chez nous. Sans doute une haute opinion de leur clientèle, supposée trop conne pour savoir acheter seule, juste assez conne pour être manipulée.
Ce sont des vendeurs qui viennent en voiture, portent un costume, sont polis et bien coiffés, ce sont des hommes, ils ne doutent de rien et ont appris à forcer votre porte avec des phrases toutes faites.
« Je viens au sujet de votre facture de gaz. »
Évidemment, on est censé supposer que l'entreprise qui nous facture le gaz a envoyé ce type pour corriger une erreur en notre faveur. Le type est formé pour noyer le poisson, pour nous faire croire qu'il représente « notre » compagnie de gaz, dans le but de nous fourguer un contrat avec « la sienne », concurrente. Le discours d'un escroc en somme.
J'abhorre l'idée que l'on paie quelqu'un à venir prendre mon temps au moment où je fais un truc important (entretien téléphonique avec un employeur ? vaisselle ? jeux vidéo ?), pour m'insulter. Car supposer que je suis trop con pour savoir choisir un contrat de gaz est insultant. Et puis cette facilité de chasser dans les immeubles parce qu'on y concentre les proies me positionne d'emblée. Dois-je supporter ça au principe qu'il faut trouver un « emploi » à cet homme ?
– Mais je fais mon travail monsieur !
– C'est précisément ce que je vous reproche.