la Dotation Inconditonnelle d'Autonomie

Parmi les nombreux noms que l'on donne au Revenu de Base, je préfère celui de « Dotation Inconditionnelle d'Autonomie » (DIA). Pas seulement pour les mots, mais aussi parce qu'il comporte en germe des nuances importantes à mes yeux.

Une dotation n'est pas nécessairement numéraire (en argent). Et les besoins actuels d'une personne sont assez bien identifiés. Chacun a besoin de se nourrir, de boire, de se laver, de soins, de se déplacer, s'éclairer, se loger, etc. Il est possible de se mettre d'accord sur les besoins minimums communs à tous. L'idée serait de compléter le Revenu de Base (quitte à en baisser le montant) par une autre allocation dispensant des besoins essentiels et non monnayables.

Eau : Un volume d'eau serait attribué gratuitement à chaque personne. Certaines villes expérimentent déjà les premiers mètres cubes gratuits. L'idée serait aussi d'augmenter le prix de façon exponentielle, de façon à renchérir l'abus d'eau, qui est une ressource à protéger. Remplir sa piscine coûtera un bras.

Énergie : Ici encore, les premiers kW/h seraient gratuits pour des besoins essentiels. On pourrait très bien conserver un système pour que la consommation électrique nocturne compte moins. De la même façon, augmenter le prix en fonction de la consommation (l'inverse de ce qu'on fait aujourd'hui). Chauffer une maison mal isolée à 25°C fera réfléchir un peu plus.

Communication : Téléphone et Internet (débit standard) seraient gratuits, car une démocratie ne peut se faire avec des citoyens ignares. La priorité n'est pas nécessairement de maîtriser la technologie, mais bien de s'informer ; la télévision étant bientôt obsolète. Des connexions pro seront toujours payantes.

Santé : J'aborderai le problème des mutuelles dans un autre billet. Mais il est essentiel que chacun ait accès aux soins. Plutôt que de financer de coûteuses mutuelles, finançons un système de soins performant et inconditionnel. On ne fait jamais le choix de tomber malade, sauf dans le cas de pathologies particulières (à soigner justement).

Transports : Certaines villes pilotes proposent des transports en commun urbains gratuits avec de nombreux avantages. On pourrait aussi imaginer recevoir dans la DIA des kilomètres en train (pourquoi pas en avion) cumulables avec le temps s'ils ne sont pas utilisés.
L'essence restera à la charge de chacun, avec un prix cher, pour compenser le vrai prix environnemental de l'utilisation de la voiture individuelle. À terme, on pourrait même imaginer un maximum utilisable pour chacun : n'oublions pas que la fin du pétrole est pour très bientôt. L'essence pourrait même faire partie de la dotation en kilomètres.

Logement : Ce cas est complexe, car il demande une réflexion d'ampleur. Dans l'immédiat, on pourrait garder son financement par une somme monétaire. Il n'est pas simple de considérer rendre gratuit un logement : le parc français étant essentiellement privé, les logements étant tous différents les uns des autres, il serait délicat de considérer que 2 logements se valent exactement. Mais un système de caution solidaire pourrait débloquer des situations, au moins pour la garantie du paiement des loyers. Une dotation numéraire pourra motiver les plus courageux à construire eux-même une maison.

Dans cette logique, il faudrait clairement admettre que les kW/h gratuits ne peuvent pas être vendus, pas plus que les km cumulables qui sont nominatifs. Pas plus que le droit aux soins aujourd'hui ne permet d'offrir gratuitement à un ami une liposuccion si on s'est fait l'économie d'un cancer.
 

Commentaires

1. Le 18. mai 2017, 2h08 par lu-net

Certains décroissants sont contre la DIA et le RDB...
http://www.decroissance.org/index.p...

et ça n'est pas évident d'avoir quelque chose à objecter à certains arguments ...leGauchiste y reviendra ?

2. Le 18. mai 2017, 9h35 par le gauchiste

Dans ton lien, la DIA est utilisée à la place de Revenu Universel (ce ne sont pas des synonymes à mes yeux, voir l'article ci-dessus). De plus, ils posent l'exemple d'un RU à 1200€ mensuel, alors que je le situe bien en-dessous, car je ne soutiens justement pas la consommation. Ton article pointe la bonne vieille diabolisation du concept en revoyant l'idée à la droite libérale ou la gauche communiste, selon que l'on vient d'un bord ou de l'autre.

Leur modèle ne peut pas à la fois reprocher à ce système de favoriser le travail au noir et l'oisiveté, il faut choisir. Tout cela manque d'arguments. Le modèle que je propose repose sur l'économie d'énergie et la consommation modérée.

Je pense que la priorité est de donner à chacun de quoi vivre dignement et d'enterrer une bonne fois pour toutes l'idée que le travail est nécessairement noble. Lorsque ce sera fait, on pourra faire évoluer le système vers d'autres choses, avec de nouvelles lois, de nouvelles possibilités, libertés. Notamment, dénoncer les injustices et organiser notre pensée politique. Qui a le temps de le faire de nos jours ?

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