Le revenu de base : à quel prix ?

L'un des points qui font débat autour du revenu de base, c'est son montant. D'une part, il faudra le financer, mais d'autre part, le choix politique sous-tendu par le montant de cette allocation varie du tout au tout. Les différents projets proposent des montants allant de 400 à 1500€. Il existe un autre projet plus près des 3000€ : le « salaire à vie » de Bernard Friot, projet apparenté mais radicalement différent sur le fond que je n'aborderai pas aujourd'hui.

Les projets de 400€ ne sont clairement pas dans la droite ligne de l'ambition de départ tant le revenu est bas. Ils ne permettent pas de changer les choses. 400€ ne permet pas de trouver un logement, et s'il est inconditionnel, il ne pourra exister que si on garde toutes les autres prestations conditionnées, elles, comme on les a aujourd'hui. C'est probablement ce vers quoi se dirige mollement Manuel Valls. Un revenu de base trop faible aura pour conséquence de ne pas rendre autonome le citoyen et de perpétuer sa dépendance au travail. C'est un projet clairement libéral qui ne changera rien à la situation actuelle.

À l'autre bout de l'échelle, on a le projet à 1500€, qui supprime radicalement ce qu'on perçoit aujourd'hui comme « pauvreté ». Je pense pour ma part que c'est un choix en réaction à l'oppression ressentie légitimement par les précaires. Je pense qu'un tel niveau de revenu n'est pas ce qu'on appellerait « juste suffisant pour vivre ». Je pense qu'une telle somme n'incitera pas à vivre sobrement. C'est un montant qui amène mécaniquement à soutenir le modèle de consommation par l'achat de biens et d'énergie. Et je ne le promeus pas.

Je pense que le bon montant serait quelque part entre 800 et 1000€. C'est une somme qui est assez juste. Elle pourrait remplacer la plupart des allocations existantes et rester inconditionnelle. Il serait aussi question de maintenir et renforcer la sécurité sociale pour revenir à un taux proche de 100% (de façon à devenir une CMU inconditionnelle). Ce montant pourrait remplacer une partie des allocations (famille, chômage, logement). Il faudrait voir au cas par cas les allocations qui gagneraient à devenir inconditionnelles.

Le principe est que chacun puisse être autonome sans avoir de compte à rendre. Parmi les conditions à remplir, on pourrait citer la nationalité ou le lieu de vie (il faut bien délimiter un périmètre), l'âge (on parle souvent d'une demi-pension pour les mineurs) et c'est tout. Le statut matrimonial n'entrerait pas en ligne de compte. Des questions peuvent se poser sur les français vivant à l'étranger, les binationaux ou quelques cas en marge. Mais quand on y sera, ce sera déjà bon signe.

Pour ma part, je soutiens davantage la « Dotation Inconditionnelle d'Autonomie », dont je parlerai plus tard.

Commentaires

1. Le 3. juin 2016, 8h42 par Plk

J'allais dire que 800-1000€, c'est viser le seuil de pauvreté, ce qui semble pas bête. Et puis j'ai regardé comment il était calculé, ce seuil. Un article intéressant avec une façon de mesurer la pauvreté qui marcherait bien pour choisir le seuil, à la fin:

http://www.captaineconomics.fr/-ete...

Mais bon, si on peut commencer avec 400€et ajuster par la suite (de préférence à la hausse), c'est peut être déjà un pas dans la bonne direction?

2. Le 12. janvier 2017, 9h04 par Jean-F

D'abord je découvre ton blog grâce à un message que j'ai partagé il y a quelque temps sur diaspora:https://framasphere.org/posts/26213...

Cet article m'a paru excellent, bien qu'il sous estime légèrement le montant de la dette. 37 830 € en décembre. source: http://www.creationmonetaire.info/2...
Hé oui comme tu le dis en fin d'article:
dépêchez-vous, parce qu'en attendant, votre dette augmente...

J'adore le ton utilisé dans l'article et sa qualité ne m'a pas donné envie de faire du prosélitisme pour un projet qui me tient à cœur et que peut être tu ne connais pas.
Je t'en parle donc ici de manière plus discrète.

Il s'agit de Duniter, il ne prétend pas être de gauche ou de droite mais simplement d'être universel, pour moi, il est anarchiste mais chuuut, ce n'est que ma vision. Comme tout ce qui est universel, chacun s'y reconnais et y projette son idéal. Et c'est tant mieux!

Je te propose un billet de blog qui te permettra peut être d'y trouver de quoi éveiller ta curiosité. https://moul.re/blog/

Je reconnais que c'est un sujet ardu, et de prime abord totalement utopiste. Mais n'est ce pas la la marque des gauchistes? :D
Voila, je ne t'embête pas plus, et je te laisse avec une petite interview pour le site bien connu: BIEN
http://basicincome.org/news/2017/01...

3. Le 13. janvier 2017, 5h19 par le gauchiste

Pour la dette, tu as raison, mais ça change tout le temps ! Toutefois, ton lien ne parle pas de la dette française par citoyen, mais de la masse monétaire par citoyen européen, ce qui est différent.

Pour les monnaies, c'est effectivement l'endroit dédié pour en parler. Et je n'ai pas encore fait de billet à ce sujet, car je n'estime pas avoir suffisamment creusé la question (et questionné mon point de vue), et aussi parce que je publie déjà très régulièrement. Mais tu as raison d'aborder le sujet, et je lirai ton lien avec attention.

Mon seul billet qui pourrait avoir un rapport (distant) avec les monnaies est celui sur la Dotation Inconditionnelle d'Autonomie. J'y aborde l'idée que cette dotation ne serait pas uniquement en argent, mais en biens à se partager (eau, énergie...). Cela reviendrait finalement à avoir des monnaies dédiées à des postes (monnaie pour l'eau, pour l'énergie...) et non échangeables entre elles.

Aujourd'hui, on parle souvent des monnaies pour relocaliser les échanges. Pourquoi pas. Le fait est que cela ne marche pas sous les formes actuelles (SEL ou monnaies locales). Mais ce sont seulement de petits projets. Je pense qu'il y a du bon dans l'idée, qui prend l'euro à contrepied.

4. Le 13. janvier 2017, 5h29 par le gauchiste

Toutes mes excuses pour ne pas avoir répondu à Plk :

Démarrer bas ne résout tout simplement rien. Car il faudra continuer à avoir des aides conditionnelles pour survivre. Il faut démarrer à un seuil d'autonomie. Ensuite, on pourra l'ajuster. Mais il faut commencer avec un niveau qui ne demande plus de se justifier sur cette ressource.

Pour ce qui est de se caler sur le seuil de pauvreté, je tique un peu, car le RdB étant normalement le plus bas revenu (donc en-dessous des 50% du revenu médian), si on le fixe au seuil de pauvreté, il augmentera alors mécaniquement ce seuil pour se placer en-dessous.

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