Qu'est-ce que « l'énergie grise ? »
Par le gauchiste le 31. mars 2016, 8h18 - Écologie - Lien permanent
On parle tout le temps de produire, acheter et utiliser des trucs écologiques. Acheter le tout nouveau portable qui consomme moins et a une autonomie prolongée, remplacer toutes ses ampoules à filament par des fluocompactes, puis à nouveau par des ampoules à LED. Remplacer la vieille télé par une neuve qui consomme moins, etc.
On oublie généralement l'énergie qui a été nécessaire à la production d'un bien, mais aussi à sa destruction / recyclage.
La fabrication nécessite de la matière, mais surtout de l'énergie pour transformer la matière, la transporter, pour réaliser l'emballage et pour la promotion du produit, le transport du produit fini. N'oublions pas les infrastructures de stockage, le rebut pour les produits ratés... ça fait rapidement beaucoup de ressources avant même d'utiliser un produit.
Sachant qu'à la fin de sa vie, il faudra aussi le reconditionner : transport et stockage des produits, séparation des composants puis transport et recyclage des matériaux lorsque c'est possible (et ça ne l'est pas toujours, loin de là).
L'énergie grise, c'est tout ça. Toute l'énergie que coûte un produit en-dehors de son utilisation est prise en compte.
Par exemple, avant même de rouler, un 4x4 de 2 tonnes bardé d'électronique est plus polluant que n'importe quelle voiture des années 80, même après qu'elle ait roulé 200 000 km !
Autre exemple, la fabrication d'un ordinateur coûterait 4 fois plus d'énergie que celle qu'il consommera tout au long de sa vie (bilan CO2 ici).
Si on prend en compte cette énergie grise, le seul critère « écologique » qui subsiste est la longévité d'un produit. D'une part, parce qu'il est robuste, d'autre part, parce que vous le réparez autant que possible. Il n'est pas simple de comparer à chaque fois s'il est « écolo » d'acheter un nouveau produit sobre en énergie plutôt que de continuer à utiliser l'ancien. Mais dans ce domaine, l'achat compulsif est toujours une erreur.
Mais il est certain que le produit dont on se passe est le plus écologique de tous.
Commentaires
Une télé neuve qui consomme moins? Faut voir...
Les vieux écrans cathodiques (et plein d'autres appareils des années 80) ont l'avantage de pouvoir s'éteindre complètement quand ils ne servent pas. Les trucs modernes plein d'électronique et surtout de logiciel mettent très longtemps à démarrer "à froid", et pour pas que ça se voie trop, on les laisse volontiers en "veille": l'écran est certes éteint, mais le logiciel continue de fonctionner pour être prêt à repartir au quart de tour. Résultat, ça consomme un peu, tout le temps, au lieu de consommer un peu plus quand c'est en marche, et pas du tout quand c'est arrêté.
Après, ça dépend combien d'heures par jour la télé est en fonctionnement, bien sur. Mais normalement, pas tant que ça?
Tu as raison : j'ai clairement simplifié pour l'exemple.
Surtout que finalement, on remplace des télés de 50cm qui consomment 60 à 80W par des écrans plats de 120cm et qui consomment 150 à 300W.
Il y a une théorie là-dessus : plus on arrive à économiser, plus on consomme, donc on y perd.
Effectivement on ne nous parle surtout pas de cette énergie grise qui pourrait nous détourner de l'envie d'acheter un nouveau produit. On préfère le faire passer pour meilleur pour l'environnement histoire de nous aider à passer à l'acte.
Quand on nous demande par exemple de remplacer cette vieille bagnole diesel par une toute neuve "suréquipée" de gadgets électroniques qui ne servent qu'à nous faire revenir très vite au garage, on ne nous dit pas le coût environnemental de sa production ni celui de la destruction de celle qui pourtant fonctionnait encore...
la "théorie là-dessus" c'est l'effet rebond
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet...
Contre les veilles : la multiprise avec interrupteur.
Il faut prendre en compte autre chose encore. Les produits récents sensés être plus écologiques durent parfois (voir souvent) moins longtemps, à cause soit de l'obsolescence programmée soit d'une mauvaise fabrication. Donc dans les faits, ils atterrissent plus vite à la déchetterie ou au recyclage dans le meilleur des cas. Exemple criant: ces satanées ampoules écologiques qui durent à peine six mois, parfois moins là où les vieilles ampoules à tungstène duraient parfois des années.