De Gaulle en 2016 (4/4)

Histoire de bien conclure sur la série « de Gaulle était gauchiste », juste une petite trace de son passage dans l'une des constitutions qu'il a écrites (*) :

Préambule de la Constitution de la IVème république :
« Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ».

C'est pas l'ennemi de la finance, pourtant, qui écrirait un truc pareil dans la Constitution... aujourd'hui, on en est même vachement loin : on tue la collectivité pour l'ouvrir à la concurrence étrangère. Même l'argent n'est plus géré par l'État (ce sont les banques qui créent la monnaie et la BCE est indépendante) !

Je ne prétends pas que le Général était positionné à gauche de l'échiquier politique en 1945. En fait, cette série de billets est seulement là pour rappeler que la politique a subi un décalage vers la droite libérale. Pas juste un petit décalage, non : tout le bras y est passé. Au point qu'il n'existe plus aujourd'hui de politique car l'argent décide de tout.

Mais il se trouve qu'en essayant d'imaginer de Gaulle voyager dans le temps et arriver en France en 2016, je me suis dit qu'il ferait blêmir la gauche. Celle-là même qui s'agite désespérément pour qu'on la voie se noyer au milieu de cet océan libéral.

« Mon seul adversaire, celui de la France, n’a aucunement cessé d’être l’Argent. » Charles de Gaulle, le 11 décembre 1969

Alors François, si tu prétends être à gauche de ce militaire, il va falloir te remuer un peu (pas seulement les bras). J'espère que t'as mis des cailloux sur ton chemin si tu veux retrouver la vraie gauche.

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(*) EDIT : Erreur de ma part, ce n'est pas le Général De Gaulle qui a écrit cette Constitution. Il a simplement réuni une assemblée constituante qui en est l'auteur. Je remercie D3 pour cette précision.

Commentaires

1. Le 14. avril 2016, 3h48 par Doc Folamour

Je suis cent fois d'accord avec toi à propos du décalage de la politique toute entière vers la droite libérale, le plus scandaleux étant cette arnaque permanente du PS, qui, s'il rétablit un jour l'esclavage, sera néanmoins toujours classé "à gauche".

Mais ce décalage est probablement rendu possible - entre autres raisons - parce-que la société a également glissé vers la droite. Dans les années De Gaulle, le parti communiste avait un poids énorme dans la société. Aujourd'hui, il ne représente qu'une minorité d'électeurs (ce qui est mérité, dans un sens, quand on sait que ce parti a longtemps fermé les yeux sur les horreurs du bloc communiste).

Ensuite, nous sommes devenus des consommateurs avant tout (de carburant, d'électricité nucléaire, de tas d'objets et de services plus ou moins utiles) donc des petits soldats de l'économie et des multinationales. A l'époque de De Gaulle, la consommation était encore limitée en grande partie à des besoins vitaux.

Aujourd'hui, les villes sont si étendues qu'on peut difficilement se passer de la bagnole, qui fait la fortune des sociétés pétrolières. Même des activités aussi inoffensives, en apparence, que surfer sur internet rapportent des sous (et des données) à des multinationales qui planquent leur fric dans des paradis fiscaux, lesquelles gagnent toujours plus de pouvoir pour nous imposer - par le lobbying - des décisions politiques qui les arrangent et nuisent au plus grand nombre.

Et le temps que nous passons à bosser et à consommer, nous ne le passons pas - ou plus - dans des activités militantes ou politiques, qui pourraient inverser la vapeur. En même temps, je passe moi aussi pas mal de temps à faire des trucs inutiles (et donc indispensables, comme tu dirais) plutôt qu'à changer le monde. ;-)

2. Le 14. avril 2016, 5h32 par le gauchiste

Je pense que ce libéralisme a été amené par mai 68 d'une part (un premier verrou a pété), et surtout la politique économique des États Unis qui a toujours tenté d'envahir le monde (l'économie étant un moyen comme un autre). La chute du mur de Berlin est sans doute le dernier rempart qui a laissé les américains tout puissants, sans opposants. Le perte de souveraineté des États européens (orchestrée par les États Unis) a laminé ce qu'il restait de démocratie pour permettre ce carnage social (voir en Grèce).

 

3. Le 15. avril 2016, 9h18 par Doc Folamour

Les Etats Unis se sont imposés par l'économie, c'est vrai, mais aussi dans un sens par leur culture. Wim Wenders, le cinéaste, dit que les States ont colonisé nos esprits (par le cinéma, la musique, les séries télé, etc). Tout un imaginaire, qui fait complètement partie de nous, et que je ne renie pas, par ailleurs, mais qui nous a conditionné à accepter comme une bonne chose tout ce qui vient des Etats-Unis.

Pour se désintoxiquer du rêve américain, d'ailleurs, je conseille cette BD, adaptée de l'oeuvre d'un historien, qui relate les pages les plus sombres de l'empire américain. http://www.babelio.com/livres/Zinn-...

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