Société

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13. juillet 2016

Qu'est-ce qu'une société ?

Cette simple question pose le problème de la réponse : en effet, de quelle société parle-t-on ? Parle-t-on de l'univers des gens qui échangent entre eux ? de la Société Générale ? d'une autre société cotée en bourse ?

Cette ambiguïté éclaire d'emblée mon propos. Je parle des entreprises. Celles qui emploient des « salariés » (des gens à qui on donne un salaire) ou des « employés » (des gens qui, sinon, seraient sans « emploi », sans utilisation). On pourrait aussi les appeler des « utilisés ». C'est finalement un peu la même chose.

Cela résume très bien ce qu'on attend d'un employé. Tout travail mérite salaire et il est un échange de bons procédés que d'échanger un « emploi » ou une « utilisation » contre de l'argent. L'utilisation concerne donc aussi les gens.

La mode serait même plutôt de considérer que l'employeur fournit un emploi, et qu'il ne va pas non plus donner de l'argent en plus ! Je suis taquin...

Ce petit univers néglige donc une donnée très importante de l'équation. On considère que l'entreprise appartient à une personne (des actionnaires, des propriétaires) et que les employés interchangeables ont un salaire en échange du temps perdu. Tout le monde est quitte ?

Un salarié ne donne pas seulement du temps et des efforts. Il s'insère dans la « société », il crée des liens, se forme, perd sa santé, développe une façon de pensée propre à l'entreprise pour gagner en productivité, fonde des espoirs, oriente ses choix de formation. Il choisit aussi d'habiter à proximité géographique et organise sa vie en fonction de cela : il éduque ses enfants à cet endroit, et le métier de son conjoint est le fruit d'une négociation, l'un cessant parfois de travailler pour de ne pas séparer le couple. Un simple salaire ne peut suffire à égaliser l'équation, car tout ne s'achète pas.

C'est pourquoi les licenciements sont souvent mal vécus : car ils ne sont parfois que de simples optimisations budgétaires. En 2016, on licencie dans des entreprises rentables.

L'entreprise ne peut absolument pas être simplement la propriété d'un « possédant » ou encore moins d'actionnaires, qui ne sauraient pas même où se trouve l'entreprise sur une carte, qui la possèderaient une microseconde.

Ne mélangeons pas, apporter de l'argent a son utilité. Mais passer 20 ans de sa vie dans une chaîne de montage donne aussi des droits sur la production. Les deux possèdent une partie de cette entreprise. Il est injuste que les mauvais choix d'un « comité de direction » amènent simplement à se séparer de ceux dont on n'a plus l' « emploi » pour une meilleure rentabilité.

Une entreprise ne se limite pas à sa production ou à ses bénéfices. On y vit. Une société consomme de l'énergie et du temps humain, produit des déchets, des biens ou des services. Et aussi des trajectoires de vie.

8. mai 2016

Quelque chose de vraiment pourri dans le royaume de France

Aujourd'hui, c'est dimanche, faisons court !

Pour bien illustrer la théorie de la grenouille dans l'eau tiède, voici un billet très bien écrit qu'un fidèle lecteur m'a fait connaître.

« Les gens que je rencontre me posent des questions sur la France : les attentats de novembre, les mobilisations en cours, la répression policière, etc.

À plusieurs reprises, j’ai donc eu l’occasion de raconter ce qui se passe dans le « pays des droits de l’homme » – on le voit encore comme ça ici – depuis quelques mois.

Et crois-moi, ça fait un choc.»

Allez le lire sur le blog « Résister à l'air du temps ».

 

6. mai 2016

Pas assez riches

Je parle certainement un peu trop des problèmes des pauvres sur mon blog. Et je sens quelques riches qui s'en plaignent. C'est vrai après tout, ils paient de colossales cotisations pour que les pauvres vivent. Ils méritent un peu d'attention.

Je connais 2 sortes de riches. Ceux qui sont contents de payer des impôts et soutiennent un système social performant (si, si, j'en connais plein, ce n'est pas une légende urbaine), et ceux qui pestent de payer beaucoup d'impôts, tout aussi riches que les précédents (là, vous en trouverez plein les forums libéraux où on tape sur les gauchistes).

Je ne parle évidemment pas de la strate intermédiaire des gens assez riches pour payer des impôts, mais pas assez riches pour en profiter, à savoir ce qu'on appelle « classe moyenne » et qui est assommée d'impôts depuis que les pauvres sont trop pauvres pour en payer.

Je parle des riches qui après avoir payé 3 copieux mois de salaires en impôts se plaignent de devoir payer pour les autres. Je précise que s'ils étaient plus riches, ils ne pourraient pas se plaindre, car ils pourraient alors pratiquer l' « optimisation fiscale », qui consiste à payer moins d'impôts que la « classe moyenne ».

Ces riches sont effectivement les plus mal lotis, puisqu'ils sont parmi ceux qui paient le plus d'impôts. En cela on peut relever cette injustice : ils paient plus d'impôts que s'ils étaient plus riches. Ils sont d'autant plus amers qu'ils n'ont pas pu bénéficier d'une situation de famille très favorable (sinon, ils seraient encore plus riches) et ont le sentiment de s'être faits tout seuls dans ce monde concurrentiel.

Mais pour les consoler, je leur rappellerai simplement qu'ils n'auraient jamais eu ce boulot sans être allés à l'école, sans une sécurité sociale pour les réparer le jour où un petit pépin de santé aurait pu finir en gangrène, l'assurance chômage ayant permis à leurs parents de ne pas les avoir envoyé travailler à 10 ans en cas de coup dur, et de rues sûres sans quoi ils auraient subi le crime ordinaire de ceux qui ressentent très durement l'injustice sociale.

De façon moins évidente, ils ont aussi bénéficié d'un environnement social favorable : leur voisin de palier n'était pas assez dans le dénuement pour être menaçant, n'avait pas la lèpre, était propre et vacciné, allait à l'école et était capable de tenir une conversation. Et quand il a mis le feu à sa maison, les pompiers ont évité la propagation des flammes à tout le village. Et puis des systèmes de transports (routes et TGV) en bon état permettent aussi de s'ouvrir l'esprit en sortant de son bled, sans parler d'une armée qui, même si je ne défends pas la guerre (au contraire, surtout en ce moment) a limité le nombre d'invasions de notre pays.

Je compatis avec ces riches qui aimeraient payer moins d'impôts. Sans doute la peur de manquer. Pour ma part, je serais content d'en payer autant !

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