Les canards ont-ils une vie privée ?

L'autre jour, en regardant des canards copuler sous mon nez, j'ai eu une réflexion philosophique. Peut-être pas d'un très haut niveau, mais je fais avec ce que j'ai.

Vous-même, avez réagi en lisant ma phrase : « copuler sous mon nez ». C'est normal, c'est la nature, et c'est cocasse en même temps, car on imagine bien que je préfère ne pas copuler sous le nez de n'importe qui. J'arrive au propos philosophique. Une grande différence entre les animaux et moi, c'est que mon sens de la civilisation (et de la civilité) m'amène à respecter une certaine pudeur, mais aussi à exiger de mon entourage le respect de cette pudeur.

Mais où je veux en venir ?

J'en arrive sans complexe à aborder les questions de la vidéosurveillance, du viol de données personnelles dont nous faisons quotidiennement l'objet sur Internet, avec nos téléphones, les logiciels de reconnaissance faciale qui traînent, le détail de nos achats, les données innombrables dont se gorgent Youtube, Google, Facebook, Amazon, LinkedIn et Microsoft au prétexte d'améliorer notre « expérience utilisateur », l'accès de la police (même hors enquête) à toute notre vie privée, jusque dans nos navigations Internet avec les boîtes noires et tout ce qui est envoyé aux États Unis parce qu'on ne sait pas le traiter en France, comme les données santé, pourtant dernier rempart à notre intimité.

Je sais, pour nombre d'entre vous, j'enfonce une porte ouverte, car vous savez déjà quel est votre niveau de compromission à certains principes pour accéder à tel ou tel service, bénéficier de tel ou tel confort. Moi-même, j'ai un peu contraint mes principes pour ouvrir un compte bidon sur LinkedIn.

Nous sommes espionnés à un niveau inimaginable. Tellement inimaginable qu'en fait, ça en devient acceptable. On ne peut pas se représenter que des inconnus sachent des choses sur vous-même à ce point. Ils prévoient avant vous vos propres réactions, vos choix ou vos projets, au point qu'ils peuvent vous influencer, comme on l'a vu lors des élections au États Unis.

Et chacun commence à mettres des micros chez nous, sous le nom commercial de Ok Google, Siri, Amazon Echo ou Alexa et même des caméras dans les télévisions et consoles de jeux connectés.

On copule sous le nez de la Terre entière.

Est-ce que ça ne commencerait pas à faire de nous des animaux ?

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