La peine de mort (4) : Peut-on tuer si on est certain du criminel ?

Il m'est arrivé d'entendre des gens me certifier qu'ils sont contre la peine de mort « sauf quand on est vraiment certain du coupable ».

Apparemment innocente, cette phrase permet de se poser à juste titre la question de la limite de la justice. Elle définit une culpabilité, tente de faire émerger la vérité, mais elle ne prétend absolument pas être LA vérité. Et ce pour plusieurs raisons. D'une part, il faut savoir que ne peut pas être juge ou juré une personne qui a été concernée par l'affaire qu'il juge, de près ou de loin. On considère que cela pourrait altérer sa neutralité.

Partant de là, leur jugement ne peut se fonder que sur des preuves indirectes : témoignages, ADN, traces, données numériques, etc. Ces données sont toutes falsifiables, ou limitées dans ce qu'elles peuvent dire. Une donnée numérique pourra dire que telle puce téléphonique était à tel endroit (à 50 mètres près) à telle heure. Mais elle ne dira pas si le téléphone était dans la poche d'untel, ni s'il s'est rendu dans l'appartement et non juste en face. On essaie alors de faire parler n'importe quel élément pour conforter les preuves manquantes de la réalité des faits. Tuer un coupable sur ces éléments reste une prise de risque importante.

Et puis il est profondément injuste de jouer la vie d'une personne sur les moyens qu'il a de se payer un bon avocat. Car on le sait, cela peut faire toute la différence sur un verdict. Ce sont les plus pauvres qui sont aussi les plus souvent exécutés.

Mais ne peut-on pas être certain lorsque l'accusé avoue lui-même ? C'est une partie du problème. Il n'avouera jamais s'il risque la peine de mort sur ses aveux. D'ailleurs, la loi dit qu'on ne peut obliger quelqu'un à s'accuser lui-même. Soyons logiques. Mais admettons qu'il avoue pour avoir la conscience tranquille. Doit-on tuer celui qui assume ses actes et a permis de révéler la vérité, sacrée et espérée par tous ? Pourquoi tuer celui qui avoue et pas celui qui n'avoue pas ? Et même dans ce cas : avoue-t-il pour protéger quelqu'un ? pour détourner l'attention d'une autre vérité ? Parce qu'il subit un chantage sur ses proches ? Non. On ne peut même pas croire un accusé qui avoue.

D'ailleurs, la vérité n'est pas seulement dans ce qui se dit, mais aussi dans ce qui ne se dit pas. Notamment, on ne connaît jamais les vraies raisons profondes qui font qu'une personne a commis un acte criminel.

Tuer le coupable, c'est simplement détruire la seule preuve directe.

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