Les sciences économiques

Pendus, accrochés à votre télévision, vous écoutez avec intérêt et inquiétude les explications de ce brillant économiste qui vous dit que les entreprises ont besoin de licencier, que la France va mal, que nous devons être compétitifs dans un monde aussi mondialisé que le nôtre, et que le mondialisation est une opportunité formidable.

Cet économiste lambda est même désigné comme expert dans son domaine. On n'en sait pas davantage sur lui, sinon que son langage utilise des mots parfois techniques dans un domaine qui n'est pas le nôtre. Cette personne, souvent un homme, vous explique comment sera le monde demain, pendant que vous réagissez à cette angoisse. Il arrive même à vous faire oublier qu'il s'est toujours planté sur ses prévisions.

L'économie se base sur des chiffres. Tout comme la météo. On vous annonce qu'un anticyclone est dans les parages, que la pression est de 1024 hPa, que les températures sont 0,7°C au-dessus des normales saisonnières, que les précipitations ont été de 18mm et on vous annonce que demain, le temps sera nuageux avec des ondées à tel endroit à telle heure. C'est crédible. En fait, tout le monde râle que la météo se trompe, pourtant, c'est bel et bien une science basée sur des faits très précis. On met même des supercalculateurs sur le coup. On a aussi scientifiquement démontré pourquoi il était impossible de prévoir le temps au-delà de 5 jours. La faute n'est pas aux météorologues, mais à la complexité des phénomènes en jeu.

Les économistes sont exactement dans le même bateau. Ils nous annoncent une météo à 2 mois et vous expliquent à posteriori pourquoi ils se sont trompés. Si la météorologie est une science basée sur des faits, l'économie est basée sur des faits humains, des décisions politiques, des phénomènes sociologiques... des sciences molles. Car finalement, rien n'est moins tangible ou prévisible que les paramètres sur lesquels s'appuient les économistes pour entrevoir l'avenir. Il suffit d'un vote, d'un attentat, d'une découverte, d'une crise majeure, d'un événement à l'étranger ou d'un soulèvement populaire pour ruiner à néant tout pronostic à 5 jours de ces économistes brillants.

Si l'économie est une science, elle est incapable de prédire l'avenir. Capable de prédire que lorsque les gens ont faim, ils se révoltent, que la baisse d'une monnaie augmentera le prix des produits importés, que les impôts permettent de financer le service public... Mais qu'est-ce que cela dit sur notre avenir ?

Ne laissons pas le soin aux économistes de servir de caution à l'avenir que certains politiciens nous réservent. L'avenir, c'est nous qui le faisons. Les économistes nous expliqueront plus tard pourquoi nous avons bien fait de ne pas les écouter.

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